mardi 4 septembre 2012

Pierre BENOIT - Mademoiselle de la Ferté


Titre : MADEMOISELLE DE LA FERTÉ
Auteur : Pierre BENOIT
Editeur : Livre de Poche
Format : 11X16,5cm
Nombre de pages : 245 pages
Parution : 1923
Édition : 4e trimestre 1965
Prix : inconnu
ISBN :
Au cours d’un entretien pour Web TV Culture, Bernard Vialatte, Président des Amis de Pierre Benoit, qualifie Mademoiselle de la Ferté comme un roman majeur d’un grand auteur, un peu oublié aujourd’hui. Bien qu’antérieur à L’Île verte mais lu après, ce roman présente un arrière-goût de déjà lu, effet probable d’une lecture rapprochée des deux ouvrages. Toujours appuyée en second plan à la ville de Bordeaux, l’action se déplace d’une centaine de kilomètres vers le sud, l’Île verte cède la place aux marais et boisements des environs de Dax. Un autre lieu retiré pour un autre pays de chasseurs. Si le taxidermiste besogneux Étienne Ruiz prend le visage de l’aristocrate de Saint-Selve, la similitude dans les destinées des uns et des autres quand l’infortuné(e) ambitieux(se), cache bien son jeu, tisse sa toile comme l’araignée et se tapit prêt à bondir sur sa proie. Pour finir par vider le rival de sa substance et triompher.
Autres mots, autre décor, autre époque et cependant une constance, le petit écrasant au final le nanti. Pierre Benoit aimait les histoires, il était joueur et lui-même intrigant, peut-être était-il fasciné par ce monde souterrain, sans pitié, capable du meilleur comme du pire pour arriver à ses fins, quitte à forcer d’un coup de pouce le destin.
Cela dit, on pourrait trouver une explication à ce constat dans le détachement revendiqué par l’écrivain entre la vie de l’auteur et l’œuvre. Démenti lorsqu’on visite le théâtre des lieux, cette Pelouse, où vécurent la mère et la sœur de l’écrivain. Démenti aussi de Gérard de Cortanze, sur Web TV Culture, « sa vie est toujours présente dans son œuvre » car « l’œuvre n’est jamais dissociable de la vie ». Et le biographe d’ajouter l’extrême soin apporté par le romancier, en un « style fluide » pour coller aux réalités du lieu et du moment, son amour du voyage, une observation fine de la nature humaine, et un art, celui de replacer ce qu’il a vu dans son œuvre. On le comprendra donc, une fois posée cette réserve, malgré ce qui est dit légère, sur la similitude des deux ouvrages, il reste un énorme plaisir à la lecture, la découverte d’une époque par un grand témoin de son temps et la vision d’une société dont les cendres sont encore chaudes, ce que pourraient confirmer les plus anciens d’entre nous. Dames patronnesses, querelles sur la religion, dérives de la médecine, chapelles en débat, sous le roman se trace une étude minutieuse des mœurs dont on pourrait se gausser si les dérives n’étaient aussi présentes aujourd’hui, actualisées bien entendu. Un roman à la fois « classique et contemporain. Ce qui est dit des années 20 reste encore valable aujourd’hui » (Gérard de Cortanze), une affirmation à prendre comme on le voudra. Un ouvrage adapté à son temps, suggérant l’indicible dans le non-dit, comme le suggère Bernard Vialatte, dans cette relation fusionnelle et trouble d’Anne de la Ferté et de Galswinthe de Saint-Selve.

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