Au hasard d’une déambulation en maison de presse, l’œil s’accroche au numéro de janvier de
BOOKS, livres et idées du monde entier (numéro 39). Sur la couverture, un titre : L’illusion du bio.
Le magazine Books est reconnu pour appuyer ses articles sur un ouvrage support commenté par un spécialiste de la question. Le livre du jour s’intitule Printemps silencieux de Rachel CARSON, ouvrage publié en 1962. La réédition de 2009 possède un introduction d’Al Gore dont les sympathies écologistes ne peuvent être mises en cause. L’article qui nous est présenté est paru dans Foreign Policy en mai-juin 2010, la traduction est due à Arnaud Gancel. L’auteur de l’article est Robert Paarlberg, professeur associé à l’université Harvard. Son dernier ouvrage, paru en 2010, est Food Politics: What Everyone Needs to Know (« Politique alimentaire : ce qu’il faut savoir »), Oxford University Press.
Quelques phrases grappillées ici et là dans l'article jettent le doute. « Le bio est plus souvent synonyme de pauvreté et de problèmes sanitaires que l’inverse. Pis, son essor conduirait la planète à la catastrophe écologique ». L’idée du bio serait « copieusement survendue aux consommateurs ». Et le rédacteur d’appuyer ses affirmations sur un exemple type d’agriculture biologique, l’Afrique rurale : « Au sud du Sahara, les petits agriculteurs qui utilisent les engrais chimiques sont si rares que leur production est de facto biologique » et « le résultat n’a rien de réjouissant ». Par bonheur,la solution signée Paarlberg arrive : il faut « apprendre à goûter cette agriculture moderne, scientifique et à forte teneur en capital conçue en Occident », une agriculture basée sur des semences améliorées et les nouvelles technologies. Et les exemples de réussite tombent en pluie drue, en Amérique latine, en Inde et en Asie, continents transformés par les bienfaits de « la Révolution verte » fondée principalement sur l'intensification et l'utilisation de variétés de céréales à hauts potentiels de rendements. Et en Afrique ? « Si la région consacrait davantage de moyens à la technologie, à l’irrigation et aux routes, le profit en retomberait sur les petits paysans ».
Dans la deuxième partie de l’article, l’auteur désamorce l’épineuse question de la sécurité alimentaire en comparant toujours les progrès accomplis « grâce à l’introduction d’améliorations techniques à l’échelle industrielle » à l’Afrique et ses marchés en plein air, « 700 000 morts chaque année » pour conclure « l’agriculture biologique, c'est-à-dire sans engrais synthétiques azotés ni pesticides, n’est pas une réponse aux problèmes de santé publique et de sécurité alimentaire ». Affirmation appuyée par des organismes comme l’Americain Journal of Clinical Nutrition, la Mayo Clinic ou la Food and Drug Administration.
Décrire la suite n’apportera rien de plus à la démonstration. Constatons cependant que Le Printemps silencieux (Silent Spring) l’ouvrage de Rachel Carson, raison d’être de cette publication, ne sera cité qu'une seule fois aux trois-quarts de la démonstration, simplement pour permettre au rédacteur de rebondir en affirmant que, depuis la suppression du DTT aux méfaits dénoncés par la scientifique américaine, l’agriculture « n’a cessé de devenir plus verte » grâce à la « technique culturale simplifiée » et aux « techniques de précision ».
À cet instant, on en sait assez et l'on remet délicatement le magazine dans son rayon en le masquant bien derrière les autres, puis l’on file au bureau, en pleine déstabilisation, pour en avoir le cœur net comme si le doute pouvait subsister. Google interpellé associe de lui-même Robert Paarlberg et Monsanto. Cette occurrence nous apprend qu’il est « Membre du Conseil consultatif de biotechnologie au PDG de la société Monsanto Company » ( http://www.sourcewatch.org/index.php?title=Robert_Paarlberg). Quant à son ouvrage, il porte à controverse : « Food Politics: Que tout le monde doit savoir par Robert Paarlberg prétend prendre un regard honnête sur les grandes questions de pertinence concernant la production alimentaire dans le monde moderne, y compris les questions de pénurie alimentaire et de sécurité, la technologie agricole, l'agriculture, l'usine et les OGM. Mais quand il s'agit au fond des choses, livre Paarlberg du manque même les références de base à toute sorte de preuves concrètes où les lecteurs peuvent fait contrôler et de vérifier ses nombreuses revendications. »
La boucle semble bouclée. Que penser de l’honnêteté du magazine Books dans cette affaire ? S’est-on trompé d’ouvrage chez Books ? À moins que... J’arrête là. Chacun en pensera ce qu’il veut.
Moi, cette marmelade d’inepties me donne plutôt la nausée. Pour la faire passer, il me vient une envie de lire un bon livre, appuyé par des vrais arguments scientifiques, comme Le Printemps silencieux d’une certaine Rachel Carson publié en 1962 et réédité récemment.
Je livre ici, juste pour équilibrer le débat, la quatrième de couverture et le sommaire, ainsi que quelques liens
Résumé :
Premier ouvrage sur le scandale des pesticides, Printemps silencieux a entraîné l'interdiction du DDT aux Etats-Unis. Cette victoire historique d'un individu contre les lobbies de l'industrie chimique a déclenché au début des années 1960 la naissance du mouvement écologiste. Printemps silencieux est aussi l'essai d'une écologue et d'une vulgarisatrice hors pair. En étudiant l'impact des pesticides sur le monde vivant, du sol aux rivières, des plantes aux animaux, et jusqu'à l'ADN, ce livre constitue l'exposition limpide, abordable par tous, d'une vision écologique du monde. 50 ans après sa conception, on redécouvre Printemps silencieux au moment où l'on commence à s'intéresser, en France, à la philosophie de l'écologie. " Ce n'est pas moi, c'est Rachel Carson qui a inventé l'écologie profonde ", affirme en effet le philosophe norvégien Arne Naess. Vendu à plus de 2 000 000 d'exemplaires, traduit en 16 langues, Printemps silencieux n'est pas seulement un best-seller : c'est un monument de l'histoire culturelle et sociale du XXe siècle. Point de référence difficilement contournable de l'histoire de l'écologie, cet ouvrage fait partie de la bibliothèque de l'honnête homme.
Biographie:
Rachel Carson (1907-1964) est une biologiste marine qui s'illustra dans le Nature writing. Après plusieurs succès de librairie avec des ouvrages de vulgarisation scientifique sur le monde marin, elle est entrée dans l'histoire avec Printemps silencieux, qui conduisit à la création de l'Environmental Protection Agency (EPA). Carson a été saluée par le Time magazine comme " l'une des femmes les plus influentes du XXe siècle ".
Sommaire:
FABLE POUR DEMAIN - L'OBLIGATION DE SUBIR - ELIXIRS DE MORT - EAUX SUPERFICIELLES ET MER SOUTERRAINE - LE ROYAUME DU SOL - LE MANTEAU VERT DE LA TERRE - INUTILES HÉCATOMBES - ET NUL OISEAU NF CHANTE - RIVIÈRES DE MORT - INDISTINCTEMENT TOMBÉS DU CIEL
Et puis quelques éléments supplémentaires non douteux, avec en prime une intervention de Rachel Carson elle-même :
http://biosphere.ouvaton.org/index.php?option=com_content&view=article&id=120:1962-le-printemps-silencieux-de-rachel-carson-&catid=39:de-1500-a-1600&Itemid=86
http://www.frequenceterre.com/chroniques-environnement-181212-3345--Le-Printemps-silencieux-de-Rachel-Carson.html#
http://www.unesco.org/new/fr/natural-sciences/ioc-oceans/about-us/special-events/the-legacy-of-rachel-carsons-silent-spring/
Et pour terminer cette réflexion d’Al Gore :
« Printemps silencieux est l’acte de naissance du mouvement écologiste. »
Le magazine Books est reconnu pour appuyer ses articles sur un ouvrage support commenté par un spécialiste de la question. Le livre du jour s’intitule Printemps silencieux de Rachel CARSON, ouvrage publié en 1962. La réédition de 2009 possède un introduction d’Al Gore dont les sympathies écologistes ne peuvent être mises en cause. L’article qui nous est présenté est paru dans Foreign Policy en mai-juin 2010, la traduction est due à Arnaud Gancel. L’auteur de l’article est Robert Paarlberg, professeur associé à l’université Harvard. Son dernier ouvrage, paru en 2010, est Food Politics: What Everyone Needs to Know (« Politique alimentaire : ce qu’il faut savoir »), Oxford University Press.
Quelques phrases grappillées ici et là dans l'article jettent le doute. « Le bio est plus souvent synonyme de pauvreté et de problèmes sanitaires que l’inverse. Pis, son essor conduirait la planète à la catastrophe écologique ». L’idée du bio serait « copieusement survendue aux consommateurs ». Et le rédacteur d’appuyer ses affirmations sur un exemple type d’agriculture biologique, l’Afrique rurale : « Au sud du Sahara, les petits agriculteurs qui utilisent les engrais chimiques sont si rares que leur production est de facto biologique » et « le résultat n’a rien de réjouissant ». Par bonheur,la solution signée Paarlberg arrive : il faut « apprendre à goûter cette agriculture moderne, scientifique et à forte teneur en capital conçue en Occident », une agriculture basée sur des semences améliorées et les nouvelles technologies. Et les exemples de réussite tombent en pluie drue, en Amérique latine, en Inde et en Asie, continents transformés par les bienfaits de « la Révolution verte » fondée principalement sur l'intensification et l'utilisation de variétés de céréales à hauts potentiels de rendements. Et en Afrique ? « Si la région consacrait davantage de moyens à la technologie, à l’irrigation et aux routes, le profit en retomberait sur les petits paysans ».
Dans la deuxième partie de l’article, l’auteur désamorce l’épineuse question de la sécurité alimentaire en comparant toujours les progrès accomplis « grâce à l’introduction d’améliorations techniques à l’échelle industrielle » à l’Afrique et ses marchés en plein air, « 700 000 morts chaque année » pour conclure « l’agriculture biologique, c'est-à-dire sans engrais synthétiques azotés ni pesticides, n’est pas une réponse aux problèmes de santé publique et de sécurité alimentaire ». Affirmation appuyée par des organismes comme l’Americain Journal of Clinical Nutrition, la Mayo Clinic ou la Food and Drug Administration.
Décrire la suite n’apportera rien de plus à la démonstration. Constatons cependant que Le Printemps silencieux (Silent Spring) l’ouvrage de Rachel Carson, raison d’être de cette publication, ne sera cité qu'une seule fois aux trois-quarts de la démonstration, simplement pour permettre au rédacteur de rebondir en affirmant que, depuis la suppression du DTT aux méfaits dénoncés par la scientifique américaine, l’agriculture « n’a cessé de devenir plus verte » grâce à la « technique culturale simplifiée » et aux « techniques de précision ».
À cet instant, on en sait assez et l'on remet délicatement le magazine dans son rayon en le masquant bien derrière les autres, puis l’on file au bureau, en pleine déstabilisation, pour en avoir le cœur net comme si le doute pouvait subsister. Google interpellé associe de lui-même Robert Paarlberg et Monsanto. Cette occurrence nous apprend qu’il est « Membre du Conseil consultatif de biotechnologie au PDG de la société Monsanto Company » ( http://www.sourcewatch.org/index.php?title=Robert_Paarlberg). Quant à son ouvrage, il porte à controverse : « Food Politics: Que tout le monde doit savoir par Robert Paarlberg prétend prendre un regard honnête sur les grandes questions de pertinence concernant la production alimentaire dans le monde moderne, y compris les questions de pénurie alimentaire et de sécurité, la technologie agricole, l'agriculture, l'usine et les OGM. Mais quand il s'agit au fond des choses, livre Paarlberg du manque même les références de base à toute sorte de preuves concrètes où les lecteurs peuvent fait contrôler et de vérifier ses nombreuses revendications. »
La boucle semble bouclée. Que penser de l’honnêteté du magazine Books dans cette affaire ? S’est-on trompé d’ouvrage chez Books ? À moins que... J’arrête là. Chacun en pensera ce qu’il veut.
Moi, cette marmelade d’inepties me donne plutôt la nausée. Pour la faire passer, il me vient une envie de lire un bon livre, appuyé par des vrais arguments scientifiques, comme Le Printemps silencieux d’une certaine Rachel Carson publié en 1962 et réédité récemment.
Je livre ici, juste pour équilibrer le débat, la quatrième de couverture et le sommaire, ainsi que quelques liens
Résumé :
Premier ouvrage sur le scandale des pesticides, Printemps silencieux a entraîné l'interdiction du DDT aux Etats-Unis. Cette victoire historique d'un individu contre les lobbies de l'industrie chimique a déclenché au début des années 1960 la naissance du mouvement écologiste. Printemps silencieux est aussi l'essai d'une écologue et d'une vulgarisatrice hors pair. En étudiant l'impact des pesticides sur le monde vivant, du sol aux rivières, des plantes aux animaux, et jusqu'à l'ADN, ce livre constitue l'exposition limpide, abordable par tous, d'une vision écologique du monde. 50 ans après sa conception, on redécouvre Printemps silencieux au moment où l'on commence à s'intéresser, en France, à la philosophie de l'écologie. " Ce n'est pas moi, c'est Rachel Carson qui a inventé l'écologie profonde ", affirme en effet le philosophe norvégien Arne Naess. Vendu à plus de 2 000 000 d'exemplaires, traduit en 16 langues, Printemps silencieux n'est pas seulement un best-seller : c'est un monument de l'histoire culturelle et sociale du XXe siècle. Point de référence difficilement contournable de l'histoire de l'écologie, cet ouvrage fait partie de la bibliothèque de l'honnête homme.
Biographie:
Rachel Carson (1907-1964) est une biologiste marine qui s'illustra dans le Nature writing. Après plusieurs succès de librairie avec des ouvrages de vulgarisation scientifique sur le monde marin, elle est entrée dans l'histoire avec Printemps silencieux, qui conduisit à la création de l'Environmental Protection Agency (EPA). Carson a été saluée par le Time magazine comme " l'une des femmes les plus influentes du XXe siècle ".
Sommaire:
FABLE POUR DEMAIN - L'OBLIGATION DE SUBIR - ELIXIRS DE MORT - EAUX SUPERFICIELLES ET MER SOUTERRAINE - LE ROYAUME DU SOL - LE MANTEAU VERT DE LA TERRE - INUTILES HÉCATOMBES - ET NUL OISEAU NF CHANTE - RIVIÈRES DE MORT - INDISTINCTEMENT TOMBÉS DU CIEL
Et puis quelques éléments supplémentaires non douteux, avec en prime une intervention de Rachel Carson elle-même :
http://biosphere.ouvaton.org/index.php?option=com_content&view=article&id=120:1962-le-printemps-silencieux-de-rachel-carson-&catid=39:de-1500-a-1600&Itemid=86
http://www.frequenceterre.com/chroniques-environnement-181212-3345--Le-Printemps-silencieux-de-Rachel-Carson.html#
http://www.unesco.org/new/fr/natural-sciences/ioc-oceans/about-us/special-events/the-legacy-of-rachel-carsons-silent-spring/
Et pour terminer cette réflexion d’Al Gore :
« Printemps silencieux est l’acte de naissance du mouvement écologiste. »
> | Titre : PRINTEMPS SILENCIEUX Auteur : Rachel CARSON Traduction : Jean-François GAVRAND (1963) révisée par Baptiste LANASPEZE (Américain) Éditeur Wildproject Collection : Domaine sauvage Première publication : 1962 Parution : 20 mai 2009 Format : 14X22cm Nombre de pages : 283 pages Prix : 20€ ISBN : 978.2.918490.00.5 |
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