vendredi 7 septembre 2012

Jean-Pascal DUBOST - Le défait


Titre : LE DÉFAIT
Auteur : Jean-Pascal DUBOST
Editeur : Champ Vallon
Format : 13X21cm
Nombre de pages : 160 pages
Parution : mars 2010
Prix : 15,00€
ISBN : 978.2.87673.529.3





L’idée de solitude attire, mais jouer à l’ermite ne donne pas toujours les effets escomptés si l’on en croit l’auteur. En attendait-il quelque bienfait quand une sorte de dépit l’a mené là ? Mais cela il ne le précise pas. Dans une retraite voulue, on peut, comme Sylvain Tesson sur les berges du Baïkal, tant prévoir tout que la vraie solitude n’arrive jamais : on en retire peu. Le « il » de Jean-Pascal Dubost , peut-être « lui » puisque dans l’écriture il devient « je », a choisi de ne rien prévoir puisqu’un chagrin a « mis en branle » la décision. Heureusement, il ne s’aventure pas en terre complètement inconnue. Une bonne âme lui prête un vélo sur lequel il traîne sur les routes et chemins du pays sa carcasse de plus en plus vide de chair à mesure qu’il s’alcoolise. Une vie au jour le jour qui, en place et lieu du silence, lui ramène son enfance puisque le lieu inhabité, (inhabitable ?), était la demeure des grands-parents.
L’ouvrage se construit en trois temps qui alternent avec une certaine régularité : le quotidien du solitaire, les souvenirs de l’enfance et les démêlés du « poète » avec son texte qui trébuche, butte car l’inspiration tarde à venir. Qui tarde tant qu’elle n’est peut-être même pas venue. L’écrivain s’escrime à tordre les phrases (il aime, a-t-il dit, jouer avec les mots), construire de savants mélimélos de mots, dresser les listes, utiliser des substantifs inusités, abuser par moments de signes graphiques comme ces virgules alignées en pluie, il manque juste un peu de poésie à tout cela. En l’on ne peut, à la lecture, se retenir de penser à cet aphorisme de Charles Juliet (Ténèbres en terre froide) : « trop de poètes, trop d’écrivains prennent les moyens pour le but. De sorte qu’à force de ne se préoccuper que du verbe, de la forme, ils en viennent à négliger, voire perdre de vue ce qui se situe à l’origine de l’aventure. » Beaucoup de travail de la forme donc dans ce livre, mais il manque la matière. Notons deux passages, l’un très court emprunté à la grand-mère « le temps te dure » (à tordre dans tous les sens) et un autre en fin d’ouvrage « il s’est enfermé dans le recet* de l’écriture, dans une solitude ; quel fut le moteur de sa quête silencieuse ? » Y aurait-il eu problème de moteur ?
Fondrie (Cheyne 2002) avait séduit, découverte du monde de l’usine, à la manière d’Albane Gellé, même émotion que le récent Croquis Démolition de Patricia Cottron-Daubigné. Fatrassier (Tarabuste 2007), bestiaire culinaire terminé en dictionnaire de mots inconnus, ressemblait à un sac à main de femme, un fourre-tout sans grande émotion. La pause qui a marqué l’écriture du livre Le défait était nécessaire pour laisser s’exprimer le silence en soi, pas certain qu’elle ait été suffisante pour que Jean-Pascal Dubost retrouve en lui le poète.
*recet : mot ancien (1430) synonyme de reces, recept, resoit… lieu où l’on se retire, retraite, refuge, abri, habitation ?

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