mardi 18 septembre 2012

Dominique FERNANDEZ - Transsibérien


Titre : TRANSSIBÉRIEN
Auteur : Dominique FERNANDEZ
Editeur : Grasset
Format : 14X20,5cm
Nombre de pages : 300 pages
Parution : janvier 2012
Prix : 21,50€
ISBN : 978.2.246.78937.6



Dans l’immense caverne de la librairie Ombres Blanches, bien en évidence sur un présentoir, la production de l’année France-Russie 2010 : Matthias Énard, Maylis de Kérangal… sans oublier Emmanuel Carrère et son Limonov, Sylvain Tesson Dans les forêts de Sibérie et quelques autres. Au moment du choix, trou de mémoire entre Dominique Fernandez et Danièle Sallenave, derniers annoncés dans la presse (Le Monde des Livres 27 janvier 2012), aussi inconnus l’un que l’autre. Gallimard contre Grasset. Trou, ce sera Grasset et le Transsibérien du premier, sa belle jaquette, les photos intérieures de Ferrante Ferranti, l’écriture très aérée l’emportent sur le contenu austère de l’autre.
 Intéressons-nous à l’auteur d’abord, Dominique Fernandez, un écrivain prolifique si l’on en juge par la longue bibliographie d’environ soixante-dix ouvrages. Écrivain d’un âge certain, le premier livre titre datant de 1958. Des années très fructueuses, en 2010, un pic de quatre ouvrages publiés qui reflètent assez bien les centres d’intérêt de notre homme : l’Italie (Villa Médicis), le Moyen-Orient (Palais Sursock) et la Russie (Avec Tolstoï, Russies). Écrivain éclectique alignant autant les romans que les essais, les chroniques de voyages, quelques traductions et même un opéra. Toujours en feuilletant l’ouvrage, l’on apprend que Dominique Fernandez est membre de l’Académie française, immortalisation récente le discours de réception ayant été publié en 2008. Un voyageur averti donc, déjà familier du pays d’accueil, l’auteur vient ici en spécialiste. Enfin clin d’œil, Transsibérien est dédié « A Danièle Sallenave en bouriate complicité », on en saura plus à la lecture : souvenir partagé d’un mariage arrangé « par les vieux croyants ».
Dominique Fernandez nous propose un voyage littéraire sur les traces des grands écrivains russes, livrant au lecteur de longs passages de livres qu’il aime, émaillant ainsi paysages, histoire, civilisation, art et coutumes. Il n’oublie pas le voyage, étiré dans le temps, où une sorte de monotonie du paysage pousse à retourner le doigt de gant vers l’intérieur et s’y retrouver soi-même. Il réussit de belle façon à transmettre l’émotion, le ressenti de cette solitude des vastes espaces. Envelopper une telle grandeur dans un texte n’est jamais garanti. D’autres s’y sont cassé les dents. De par son expérience et son talent, Fernandez a réussi l’examen.
Choix de textes tout aussi judicieux, parfaitement calés qu’ils sont dans l’ensemble. Le curieux de littérature russe, s’il veut aller plus loin, trouvera dans ce panel proposé de quoi satisfaire sa curiosité.
Les invités du Transsibérien n’étaient pas tous, au départ de Moscou, sur la même longueur d’ondes : le professionnel, légèrement blasé qu’il est, a joué au plus fin avec les autorités d’accueil pour imposer son propre programme, un menu à la carte (partagé avec quelques privilégiés) qu’il est fier d’exposer avec un pointe de dédain pour ses collègues moins chanceux. Du partage avec les autres voyageurs (si ce n’est l’épisode avec Danièle Sallenave) nous saurons peu. À privilégier l’extra, on oublie l’ordinaire car de la planète élevée du mirador les détails ne se voient pas. Entre les lignes du programme officiel, il y a sans doute à lire et cela fait aussi partie du voyage. Hormis ce léger manque de modestie du donneur de leçons, le plus grand défaut du livre, c’est un vrai satisfecit qu’on distribue à l’ouvrage, l’académicien justifie pleinement son rang.
Quelques mots enfin sur les deux encarts photographiques de grande qualité. Les illustrations de Ferrante Ferranti collent au texte. Il a su saisir les instants, donner vie aux monuments, capter les regards, mettre en boite ce train insaisissable, ce qui ajoute un réel plus à cet ouvrage finalement captivant, jamais rébarbatif, qui donne une vraie envie de découvrir. Il y a du talent dans tout cela et probablement une grande expérience.

Un autre point de vue sur cet ouvrage (et un commentaire) par Ivredelivres

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