lundi 17 septembre 2012

GUILLEVIC - Quotidiennes


Titre : QUOTIDIENNES
Auteur : GUILLEVIC
Editeur : Gallimard
Format : 14X20,5cm
Nombre de pages : 168 pages
Parution : mars 2002
Prix : 13,50€
ISBN : 978.2.07.076510.5



Sur le présentoir, un Guillevic inconnu, ou peut-être oublié, publié en 2002 : Quotidiennes, poèmes, novembre 1994 - décembre 1996. Un ouvrage posthume, réuni en deux parties par l’épouse Lucie Guillevic, deux parties bien semblables à la lecture, la différence entre l’aboutie (première) et celle en chantier ne paraissant pas si évidente car de la même veine. Des poèmes datés, classés par ordre chronologique, groupés dans une chemise cartonnée par l’auteur lui-même sous ce titre. Des poèmes brefs, dépassant rarement la page, quelques lignes pour les plus courts, Vous, les fleurs, //C’est pour vous avoir, / Vous si belles, près de soi, // Qu’on vous tue. // 20-3-95 (p 50), un texte qui résume bien l’ouvrage. L’homme, seul, se dresse avec modestie face aux éléments, à son environnement, qu’il interpelle, qu’il tutoie, qu’il plaint, qu’il rudoie aussi, dans un dialogue intérieur, d’homme à homme, un mano a mano où l’homme traite en égal comme il sait quand il le faut rester à son niveau. Fleurs, arbres, ciel, nuages, couleurs, soleil…, il les presse pour en tirer le suc poétique en des raccourcis saisissants. En deux phrases, la messe est dite, Ne demande pas au blanc // Qu’il te donne / Du vert ou du rouge. // Ne demande pas au capital // Qu’il te montre / Ce qu’il peut faire // Pour la juste répartition / Des biens de ce monde. // 19-6-96 (p140). Chaque texte ainsi dépouillé du superflu est une histoire, un enseignement, un questionnement, un raccourci lucide que chacun, où qu’il soit, peut faire siens. En immersion permanente dans cette partie ultime de sa vie puisque ces poèmes sont écrits à flot presque quotidien, Guillevic avait ce pouvoir de transformer son regard en sève nourrissante pour lui-même probablement, mais aussi pour le plus grand profit du lecteur. Poèmes de l’instant, griffonnés sur un reste de papier, sans doute mille fois relus et retravaillés, ces textes clairs comme une eau de source, accessibles au plus grand nombre, amènent à cette remarque que la poésie est en soi avant d’être dans les mots, que le regard du poète est essentiel, un détournement du monde aussi nécessaire qu’une boisson vitaminée. La lecture de Quotidiennes est un ressourcement renouvelé à chaque page qui se termine par un retour aux sources bretonnes du poète (Il y a quelque chose à Carnac…), une boucle qui se ferme, anticipée peut-être, puisque l’auteur disparaissait quelques mois plus tard, emporté par de graves problèmes pulmonaires. Si l’homme a quitté le champ pour notre plus grand regret, car avait-il tout dit ?, il restera de lui une œuvre majeure, une poésie limpide, libérée de contraintes, hors du temps et accessible, c’est la marque des grands poètes.

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