Titre : LE CŒUR RÉGULIER
Auteur : Olivier ADAM Editeur : Points- Editions de l’Olivier Format : 14X20,5cm Nombre de pages : 234 pages Parution : 2008 Prix : 18,00€ ISBN : |
Olivier Adam, l’homme des « Falaises », nous entraîne vers une petite ville au Japon, un bord de mer comme il les aime, abrupt et dangereux, une falaise quoi ! En contrebas, le vide appelle, « se pencher tout au bord c’était un vertige insensé, l’eau et les récifs agissaient comme un aimant, le corps entier paraissait attiré tandis que toute pensée s’absentait pour laisser la place au bruit du ressac et au sifflement du vent »
Le « Je » de ce livre est une femme, une certaine Sarah. Elle mène loin de chez elle une errance, traîne une envie de rien, pas même de vivre, sur les traces de Nathan, un frère presque jumeau, un rebelle, un instable, massacré par un platane, quelques mois auparavant, sur une route de France. Avait-il été tenté lui aussi par le grand saut ? Avait-il été retenu in extrémis par Natsume, l’ange gardien des falaises, « j’ai passé des années à arriver trop tard. Juste assez tôt pour ramasser les corps, les identifier, prévenir les familles. J’essaie de ne plus arriver trop tard. C’est tout ». Que cherchait donc Nathan ici ?
Autant de questions qui trouveront réponse. Olivier Adam tisse avec son talent habituel les fils de l’écheveau en jonglant habilement entre les mailles du passé et celles du présent. L’écrivain cherche pour son héroïne le chemin vers la sérénité dans la personnalité et le comportement des autochtones, la spiritualité orientale « l’autel où s’accumulent des offrandes, fruits étincelants confiseries bouteilles d’alcool bouquets de fleurs, je pourrais rester des heures… », le charme du lieu, la force qui s’en dégage, longuement décrits, « l’immense pin millénaire dont les branches épaisses, à l’écorce craquelée, brune parée de reflets orange, soutenues par des tuteurs gros comme des troncs, tracent des itinéraires extraordinaires, tirés vers le ciel. En son somment, sa coiffe d’épines souples dessine un mont Fuji en été, neige fondue en contours nets dans la lumière vive ».
Les arcanes de la pensée humaine, celles des idées que l’on se fait, de l’abandon qu’on arrive toujours à justifier, de l’incompréhension de l’autre, des jugements qui s’en découlent, l’égo qui ne dit pas son nom, « Et moi alors ? ai-je pensé. Moi, qui s’occupe de moi ? Qui me console ? » et même le caprice, « j’aurais voulu qu’il s’inquiète, qu’il me supplie de rentrer, qu’il me promette de s’occuper de moi. Même si j’aurais détesté ça », sont traités avec beaucoup de finesse. Olivier Adam sait distiller au goutte à goutte la perfusion pour conduire le lecteur à pas menus vers un dénouement à la manière de « l’arroseur arrosé », « Je m’étais tellement trompée. Sur tout. Sur chacun. Sur moi. » Tout cela est joliment fait, mais…
Mais quelque chose ne se passe pas dans ce « cœur régulier » comme une mayonnaise dont les ingrédients pourtant excellents n’arriveraient pas à se lier. Il subsiste à la lecture quelque chose d’invraisemblable. Le choix surprenant de l’auteur de s’identifier à son héroïne pourrait en être la cause, c’est ailleurs qu’il faut peut-être la chercher. Le cadre ne suffit pas à faire le tableau. Au-delà des paysages, des sanctuaires, des hommes et des femmes, il manque la nécessaire imprégnation entre l’environnement et le personnage, celle qui vide le sujet de ses toxines avant de le reconstruire. Il ne suffit pas d’être voyeur, simple observateur pour que la mutation s’opère : ce regard froid que jette la sœur de Nathan sans vraiment s’en imprégner de ce que lui-même a vécu semble tellement irréelle qu’on en sort perplexe et pas vraiment convaincu.
Et puis... peut-être vient-il au lecteur un peu de lassitude de découvrir les mêmes thèmes visités et revisités, le même tableau retouché dont on aurait renouvelé le cadre. C’est peut-être cela que nous attendons d’Olivier Adam, du neuf, un vrai « neuf » qui nous surprenne.
Le « Je » de ce livre est une femme, une certaine Sarah. Elle mène loin de chez elle une errance, traîne une envie de rien, pas même de vivre, sur les traces de Nathan, un frère presque jumeau, un rebelle, un instable, massacré par un platane, quelques mois auparavant, sur une route de France. Avait-il été tenté lui aussi par le grand saut ? Avait-il été retenu in extrémis par Natsume, l’ange gardien des falaises, « j’ai passé des années à arriver trop tard. Juste assez tôt pour ramasser les corps, les identifier, prévenir les familles. J’essaie de ne plus arriver trop tard. C’est tout ». Que cherchait donc Nathan ici ?
Autant de questions qui trouveront réponse. Olivier Adam tisse avec son talent habituel les fils de l’écheveau en jonglant habilement entre les mailles du passé et celles du présent. L’écrivain cherche pour son héroïne le chemin vers la sérénité dans la personnalité et le comportement des autochtones, la spiritualité orientale « l’autel où s’accumulent des offrandes, fruits étincelants confiseries bouteilles d’alcool bouquets de fleurs, je pourrais rester des heures… », le charme du lieu, la force qui s’en dégage, longuement décrits, « l’immense pin millénaire dont les branches épaisses, à l’écorce craquelée, brune parée de reflets orange, soutenues par des tuteurs gros comme des troncs, tracent des itinéraires extraordinaires, tirés vers le ciel. En son somment, sa coiffe d’épines souples dessine un mont Fuji en été, neige fondue en contours nets dans la lumière vive ».
Les arcanes de la pensée humaine, celles des idées que l’on se fait, de l’abandon qu’on arrive toujours à justifier, de l’incompréhension de l’autre, des jugements qui s’en découlent, l’égo qui ne dit pas son nom, « Et moi alors ? ai-je pensé. Moi, qui s’occupe de moi ? Qui me console ? » et même le caprice, « j’aurais voulu qu’il s’inquiète, qu’il me supplie de rentrer, qu’il me promette de s’occuper de moi. Même si j’aurais détesté ça », sont traités avec beaucoup de finesse. Olivier Adam sait distiller au goutte à goutte la perfusion pour conduire le lecteur à pas menus vers un dénouement à la manière de « l’arroseur arrosé », « Je m’étais tellement trompée. Sur tout. Sur chacun. Sur moi. » Tout cela est joliment fait, mais…
Mais quelque chose ne se passe pas dans ce « cœur régulier » comme une mayonnaise dont les ingrédients pourtant excellents n’arriveraient pas à se lier. Il subsiste à la lecture quelque chose d’invraisemblable. Le choix surprenant de l’auteur de s’identifier à son héroïne pourrait en être la cause, c’est ailleurs qu’il faut peut-être la chercher. Le cadre ne suffit pas à faire le tableau. Au-delà des paysages, des sanctuaires, des hommes et des femmes, il manque la nécessaire imprégnation entre l’environnement et le personnage, celle qui vide le sujet de ses toxines avant de le reconstruire. Il ne suffit pas d’être voyeur, simple observateur pour que la mutation s’opère : ce regard froid que jette la sœur de Nathan sans vraiment s’en imprégner de ce que lui-même a vécu semble tellement irréelle qu’on en sort perplexe et pas vraiment convaincu.
Et puis... peut-être vient-il au lecteur un peu de lassitude de découvrir les mêmes thèmes visités et revisités, le même tableau retouché dont on aurait renouvelé le cadre. C’est peut-être cela que nous attendons d’Olivier Adam, du neuf, un vrai « neuf » qui nous surprenne.
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