Titre : RICHARD YATES
Auteur : Tao LIN Traducteur (anglais) : Jean-Baptiste Flamin Éditeur : Au diable vauvert Publication : 5 janvier 2012 Dimensions : 13X20cm Nombre de pages : 320 pages Prix : 20,00€ ISBN : 978-2-84626-398-6 |
« Souvent hilarante, l’écriture de Tao Lin évoque les débuts de Douglas Coupland ou Bret Easton Ellis, … », citation du Guardian en 4ème de couverture. Que chacun en juge avec quelques phrases tirées au hasard de l’ouvrage, représentatives de l’atmosphère et du ton du roman.
« Quand tu seras là, tu la (ma mère) laisseras te voir ou tu partiras juste quand elle rentrera ?
– Je la laisserai me voir, a dit Haley Joel Osment.
– Et si elle appelle la police, a dit Dakota Fanning
– Ok. Je la laisserai pas me voir. Si tu lui avais dit qu’on avait pas couché ensemble à New York, je pourrais la laisser me voir. T’as foiré. »
Quelques lignes plus bas, Haley Joel Osment reprend la main. « Putain. Ça ne veut plus rien dire ce que je dis. On est niqués. Mate la faute de frappe. Je me marre, a-t-il dit en référence au mot niqués qu’il avait écrit nqiésu. Juste après m’être marré, je me suis senti comme une grosse merde. » Dialogue de ce genre, répété à l’infini, soit en direct, par téléphone et surtout par chat sur Gmail. Car ces deux-là s’aiment, ont besoin d’un de l’autre et ne peuvent se quitter plus de quelques heures, et encore. Dans cette forme d’insipidité de premier abord, on attend un démarrage de quelque chose un brin d’histoire qu’on ne verra jamais venir jusqu’à ce que l’on comprenne que c’est ça l’histoire. L’histoire de jeunes d’aujourd’hui, familiers et accros de technologie pour communiquer entre eux et se dire ceci, de jeunes en vase clos coupés du reste ou presque, poissons rouges dans un bocal dont ils ne sortent guère. De leur environnement, ils n’ont rien à faire. À la société, sans joie aucune, ils donneront juste ce qu’il faut pour qu’elle leur rende ce qui leur faut pour vivre. Pour le superflu, ils subtilisent dans les boutiques, conscients du risque dont ils se fichent. À ce moment du récit, si l’abandon en cours n’a pas eu lieu, le lecteur tend vers la sévérité, sans complaisance avec ces jeunes tant il ne trouve pas de circonstances atténuantes à la médiocrité des échanges comme de l’écriture. Sauf que dans cette masse insignifiante commence à se réaliser quelque chose. Dakota Fanning ressemble à un vaisseau à la dérive, mal dans sa peau, fuyant par le mensonge, cherchant à cacher sa détresse dans la boulimie. « Elle a dit qu’elle avait menti en disant qu’elle n’avait vomi que quelques fois. Elle avait vomi presque tous les jours mais seulement une fois par jour ». Et que répond le garçon ? « Ça fait rien. Ne mens plus à partir de maintenant, c’est tout. » Il tolère, s’accroche, s’approche encore en veillant sur la jeune fille pour l’aider à s’en sortir, persévérant, compréhensif, passant outre son propre dégoût, le contraire d’un zappeur qui, lui, serait déjà passé à une autre. À l’écart d’une société dont ils ne semblent rien attendre, mais confiants dans la technologie que représente internet, ils cherchent à s’en sortir par leurs propres moyens. Pathétiques d’un certain point de vue, mais aussi admirables d’un autre angle. Génération de l’instant capable d’un effort dans le temps lorsqu’il le faut. Et si ce Tao Lin, « Kafka de la génération iPhone », « tout en humour à froid ironie et réalisme » (quatrième de couverture) nous ouvrait les yeux par ce biais sur « la solitude de cette génération hyper-connectée » !
« Quand tu seras là, tu la (ma mère) laisseras te voir ou tu partiras juste quand elle rentrera ?
– Je la laisserai me voir, a dit Haley Joel Osment.
– Et si elle appelle la police, a dit Dakota Fanning
– Ok. Je la laisserai pas me voir. Si tu lui avais dit qu’on avait pas couché ensemble à New York, je pourrais la laisser me voir. T’as foiré. »
Quelques lignes plus bas, Haley Joel Osment reprend la main. « Putain. Ça ne veut plus rien dire ce que je dis. On est niqués. Mate la faute de frappe. Je me marre, a-t-il dit en référence au mot niqués qu’il avait écrit nqiésu. Juste après m’être marré, je me suis senti comme une grosse merde. » Dialogue de ce genre, répété à l’infini, soit en direct, par téléphone et surtout par chat sur Gmail. Car ces deux-là s’aiment, ont besoin d’un de l’autre et ne peuvent se quitter plus de quelques heures, et encore. Dans cette forme d’insipidité de premier abord, on attend un démarrage de quelque chose un brin d’histoire qu’on ne verra jamais venir jusqu’à ce que l’on comprenne que c’est ça l’histoire. L’histoire de jeunes d’aujourd’hui, familiers et accros de technologie pour communiquer entre eux et se dire ceci, de jeunes en vase clos coupés du reste ou presque, poissons rouges dans un bocal dont ils ne sortent guère. De leur environnement, ils n’ont rien à faire. À la société, sans joie aucune, ils donneront juste ce qu’il faut pour qu’elle leur rende ce qui leur faut pour vivre. Pour le superflu, ils subtilisent dans les boutiques, conscients du risque dont ils se fichent. À ce moment du récit, si l’abandon en cours n’a pas eu lieu, le lecteur tend vers la sévérité, sans complaisance avec ces jeunes tant il ne trouve pas de circonstances atténuantes à la médiocrité des échanges comme de l’écriture. Sauf que dans cette masse insignifiante commence à se réaliser quelque chose. Dakota Fanning ressemble à un vaisseau à la dérive, mal dans sa peau, fuyant par le mensonge, cherchant à cacher sa détresse dans la boulimie. « Elle a dit qu’elle avait menti en disant qu’elle n’avait vomi que quelques fois. Elle avait vomi presque tous les jours mais seulement une fois par jour ». Et que répond le garçon ? « Ça fait rien. Ne mens plus à partir de maintenant, c’est tout. » Il tolère, s’accroche, s’approche encore en veillant sur la jeune fille pour l’aider à s’en sortir, persévérant, compréhensif, passant outre son propre dégoût, le contraire d’un zappeur qui, lui, serait déjà passé à une autre. À l’écart d’une société dont ils ne semblent rien attendre, mais confiants dans la technologie que représente internet, ils cherchent à s’en sortir par leurs propres moyens. Pathétiques d’un certain point de vue, mais aussi admirables d’un autre angle. Génération de l’instant capable d’un effort dans le temps lorsqu’il le faut. Et si ce Tao Lin, « Kafka de la génération iPhone », « tout en humour à froid ironie et réalisme » (quatrième de couverture) nous ouvrait les yeux par ce biais sur « la solitude de cette génération hyper-connectée » !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire