TTitre : LA FEMME AU PORTRAIT Auteur : Marlène MANUEL Editeur : Editions Past’Elles Format : 14X20cm Nombre de pages : 320 pages Parution : 2010 Prix : 18,00€ ISBN : 978-2-916657-10-3 Récompense : 2e prix Concours littéraire international Arts et Lettres de France 2010 |
Petit bout de femme bourré d’énergie, Marlène Manuel
partage son temps entre la région parisienne où elle réside et travaille
et l’île de Noirmoutier, sa terre d’origine où elle revient, dès
qu’elle le peut, pour laisser le vent marin faire valser ses jolies
nattes blondes. Cette terre plate au ras de l’eau a été sa première
source d’inspiration. Ses premiers romans, Le saunier de Noirmoutier, L’inconnu du Bois de la Chaise, La fleur de sel, sont directement écrits à l’encre de l’île. Et très vite remarqués par Les Veillées des Chaumières
qui les publie en feuilleton dans son magazine. Dans ses derniers
ouvrages, elle s’évade vers d’autres horizons, mais revient vers l’île
en 2010 y planter tout un recueil de nouvelles, Un jour à Noirmoutier.
Après un court parcours dans l’édition classique, très tôt Marlène
Manuel prend son destin en main et, tel un artisan, produit elle-même
ses ouvrages, de A à Z, aux éditions Past’Elles qu’elle dirige avec un
certain bonheur si l’on en croit les ouvrages épuisés. Mais elle va plus
loin en publiant de jeunes auteurs de l’île. En soutenant activement
aussi, chaque année au mois, d’août le sympathique salon littéraire de
l’Épine, en Noirmoutier.
Ses ouvrages, écrits dans une langue abordable d’accès et joliment
tournée, mènent le lecteur à bout de souffle à travers une intrigue
souvent subtile, romans de terroir qui trouveraient, sans rien à redire,
leur place parmi ceux de l’école de Brive autour de Christian Signol
et ses amis. La femme au portrait est de cette veine, qui mène la
jeune Lise, avec l’aide de son amie Caroline, à la recherche d’une mère
qu’elle n’a jamais connue, lorsqu’elle en découvre le visage par le
plus pur des hasards. Et cela malgré la vicomtesse Eugénie, sa
grand-mère, qui ne l’entend pas de cette oreille, « malheureusement,
ma pauvre enfant, qu’elle te manque ou pas ne changera rien aux
circonstances ! Il vaudrait mieux que tu l’admettes une fois pour toutes ». Le ton est donné. Il en faudrait plus pour mettre un coup d’arrêt, la jeune enfant
n’en est plus une et ne l’admet pas. En compagnie de son amie, elle
entame sa quête et conduit le lecteur de surprise en surprise vers un
dénouement plutôt inattendu. Si elle nous mène, en voiture, en train, de
la ferme au château, Marlène Manuel ne s’embarrasse pas de descriptions
ou d’états d’âme à n’en plus finir. Elle a pris le parti de l’action
qu’elle mène au pas de course sans laisser le lecteur reprendre son
souffle.
Certains puristes s’étonneront peut-être de la simplicité du style – du
moins admettront-ils la bonne maitrise de la langue et le choix du mot
juste – ou d’une certaine monotonie du ton, voire de la linéarité de la
narration qui respecte à la lettre la chronologie des faits. Sans doute
auraient-ils raison s’ils ne savaient pas – c’est précisé en quatrième
de couverture – que l’ouvrage a été pré-publié en roman-feuilleton dans
l’hebdomadaire Les Veillées des Chaumières. Les contraintes de la
publication fractionnée sont proches de la nouvelle, nécessitent
clarté, simplicité et action et, dans ce genre littéraire car c’en est
un, c’est le contenu de l’intrigue qui prime. De ce côté-là, on est
servi, ceci malgré une petite faiblesse, l’appel un peu trop fréquent à
mon goût à la rencontre fortuite pour faire avancer le schmilblick :
l’histoire en perd un peu de crédibilité, donc de sa force de frappe. Ce
petit bémol excepté, l’ouvrage remplit très honorablement son contrat,
il a sans doute comblé bon nombre de lecteurs des Veillées et bien d’autres depuis sa publication en roman. Un bon moment à passer.
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