Titre : LILIANE, FAIS LES VALISES
Auteur : Jean-bernard POUY Editeur : Les Éditions de l’Atelier in8 Format : 10X16cm Nombre de pages : 64 pages Parution : 2011 Prix : 9,00€ ISBN : 978-2-916159-96-6 |
Reprise de contact avec un auteur, Jean-Bernard Pouy, annoncé dans la région et dont le nom évoque un ouvrage lu il y a quelques années. Il s’agissait d’une quête dans les environs du pont du Gard, le titre de l’ouvrage ayant été oublié. Pour les retrouvailles, un ouvrage récent et un titre qui déménage : Liliane, fais tes valises (Les Éditions de l’Atelier In 8). Et quelques notes discrètes sur la couverture qui pourraient annoncer du véridique : D’après une idée originale de Georges Marchais, Collection Quelqu’un m’a dit… Des indications qui susurrent le jeu de mots que l’auteur affecte tant qu’il va même jusqu’à en placer dans ses titres, Mes soixante huîtres, La petite écuyère a cafté et j’en passe. L’interrogation est vite levée dès le préambule sur ladite collection : « Au-delà du noir pesant, totalitaire ou kafkaïen, ces nouvelles sont volontiers surréalistes, parfois poétiques. Toujours décalées ». Avertissement au lecteur.
L’ouvrage est minuscule, tout juste cinquante pages. En deux temps et trois mouvements, le décor est posé, une chambre d’hôtel. La cause, un « colloque » et les héros par la même occasion, Vladimir Marchet et son épouse Liliane – toute ressemblance serait fortuite. Un colloque, comme il s’en déroule beaucoup, grand-messes qui ne comblent que les intervenants, ce qui leur permet de croire un peu à leurs travaux et en eux. D’un colloque à l’autre on tourne en rond, avec les mêmes personnages, les mêmes rites avant de s’en revenir chez soi ronronner un moment. Tout cela, Jean-Bernard Pouy n’en dit pas un mot mais le montre par les faits et la dérision dont il affuble les intervenants et les recherches qu’ils mènent : elles n’intéressent qu’eux-mêmes, créent le débat et n’aboutiront probablement qu’à des cacahuètes.
La nouvelle prend ,délibérément le ton d’une synthèse de colloque et renvoie à des délicieuses annexes qui enfoncent le clou si l’on avait quelques doutes. Qu’on en juge par le sujet de quelques interventions : « Un destin grêle : splendeur et misère du suppositoire dans la littérature du 19e siècle », un autre : « Les factures EDF et Pierre Boulez, du sérieux au sériel »… On nage en plein dans le délire oulipien dont raffole Pouy et l’on se régale. Quelque tête chercheuse qui (s’)y croirait encore, en tombant sur ces pages, pourrait tomber de haut d’autant plus que l’auteur leur fait, à la fin de l’ouvrage, un sort à sa façon en toute moralité quoique loufoque, encore que. Qui n’est pas chercheur, spécialiste ou sommité se délecte, s’esclaffe devant les galipettes du texte exquises comme les cadavres du même nom.
Jean-Bernard Pouy manie l’humour noir à la perfection, possède son sujet jusqu’au bout des ongles, trompe son monde par l’art de l’esquive et de la dissimulation. L’uppercut arrive à destination, bien appuyé et il fait mal, ne laisse aucune chance car il atteint le point faible de l’adversaire. C’est tout l’intérêt de l’écriture au second degré, de jouer ainsi le filigrane en masquant le dramatique sous l’humour ou la dérision. Dans les situations difficiles, dans quelques pays que chacun pourra nommer, lorsque la pensée unique est de mise et le reste muselé, la méthode « Pouy » porte des fruits et sert de combat. D’autres utilisent cet art détourné. Pour en prendre un exemple, pensons à l’énergie que dépensent les cinéastes iraniens actuels, pourtant couronnés par des prix, pour défier la censure pour juste créer.
L’ouvrage est minuscule, tout juste cinquante pages. En deux temps et trois mouvements, le décor est posé, une chambre d’hôtel. La cause, un « colloque » et les héros par la même occasion, Vladimir Marchet et son épouse Liliane – toute ressemblance serait fortuite. Un colloque, comme il s’en déroule beaucoup, grand-messes qui ne comblent que les intervenants, ce qui leur permet de croire un peu à leurs travaux et en eux. D’un colloque à l’autre on tourne en rond, avec les mêmes personnages, les mêmes rites avant de s’en revenir chez soi ronronner un moment. Tout cela, Jean-Bernard Pouy n’en dit pas un mot mais le montre par les faits et la dérision dont il affuble les intervenants et les recherches qu’ils mènent : elles n’intéressent qu’eux-mêmes, créent le débat et n’aboutiront probablement qu’à des cacahuètes.
La nouvelle prend ,délibérément le ton d’une synthèse de colloque et renvoie à des délicieuses annexes qui enfoncent le clou si l’on avait quelques doutes. Qu’on en juge par le sujet de quelques interventions : « Un destin grêle : splendeur et misère du suppositoire dans la littérature du 19e siècle », un autre : « Les factures EDF et Pierre Boulez, du sérieux au sériel »… On nage en plein dans le délire oulipien dont raffole Pouy et l’on se régale. Quelque tête chercheuse qui (s’)y croirait encore, en tombant sur ces pages, pourrait tomber de haut d’autant plus que l’auteur leur fait, à la fin de l’ouvrage, un sort à sa façon en toute moralité quoique loufoque, encore que. Qui n’est pas chercheur, spécialiste ou sommité se délecte, s’esclaffe devant les galipettes du texte exquises comme les cadavres du même nom.
Jean-Bernard Pouy manie l’humour noir à la perfection, possède son sujet jusqu’au bout des ongles, trompe son monde par l’art de l’esquive et de la dissimulation. L’uppercut arrive à destination, bien appuyé et il fait mal, ne laisse aucune chance car il atteint le point faible de l’adversaire. C’est tout l’intérêt de l’écriture au second degré, de jouer ainsi le filigrane en masquant le dramatique sous l’humour ou la dérision. Dans les situations difficiles, dans quelques pays que chacun pourra nommer, lorsque la pensée unique est de mise et le reste muselé, la méthode « Pouy » porte des fruits et sert de combat. D’autres utilisent cet art détourné. Pour en prendre un exemple, pensons à l’énergie que dépensent les cinéastes iraniens actuels, pourtant couronnés par des prix, pour défier la censure pour juste créer.