Au temps de sa sortie, l’ouvrage avait fait l’objet d’une envie de lire publiée chez Ed. En voici les termes : « Déjà lue et appréciée, Les adolescents troglodytes (2007), déjà entrevue au cours d’une lecture publique en 2009, Emmanuelle Pagano, petit bout de femme, sobre en apparence comme en écriture, tranquille dans sa détermination, touche-à-tout avec bonheur, vient sur le devant de la scène pour un nouveau titre « Un renard à mains nues » avec un double éloge de la part de Télérama et du Monde des Livres, la même semaine, excusez du peu. « Un recueil de « nouvelles », à condition de l’entendre au sens postal du terme… sans une once de gras, sans sécheresse non plus » (Marine Landrot, Télérama, 2 mai 2012, TTT). Trente-quatre nouvelles pour un « volume très particulier… au mitan d’une œuvre dont il trace la carte, les reliefs et les courbes. Dessinant à pointe fine de petits bouts du monde qui s’attachent l’un à l’autre imperceptiblement. Tout Pagano est là, dans une grande unité. » (Xavier Houssin, Le Monde des Livres, 4 mai 2012). Les textes des deux journalistes se répondent, se complètent, s’approchent à leur façon de l’ouvrage pour dire tout le bien qu’ils en pensent « C’est envoûtant de calme et de douceur étranges. C’est beau. Si simplement. » (MdL), « Une trentaine de petites histoires pour un grand roman. » (Tél.) À lire ! Tout simplement ! »
Huit mois plus tard, le livre d’Emmanuelle Pagano est disponible dans les rayons. Belle occasion de passer à l’acte pour une future note de lecture.
Dès le début, on est saisi par une vague impression d’être en pays connu, un pays familier déjà retourné jusqu’à ses moindres frissons, avec ses éoliennes, les routes de montagne, le lac glouton effacer de passé, le monde des chasseurs, l’inconnu appuyé à la rambarde, au même endroit, à la même heure, chaque jour. Nous sommes dans l’univers des adolescents troglodytes, un monde « des marges et ces marges tiennent les pages de mon histoire », où il suffit d’être pour être en marge, « Nous, nous n’étions pas attardées, ni maman, ni moi, nous ne sommes pas attardées, ni ma fille, ni moi, mais nous vivions, nous vivons sans voiture dans une petite ville, et cela suffit pour faire de drôles de rencontres, pour s’écarter des chemins habituels. » L’univers d’Emmanuelle Pagano est un tout. Ses livres comme des briques s’emboitent parfaitement pour constituer un œuvre qui se nourrit d’un pays et qui s’en fait le héraut sans tapage.
Selon les moments, Emmanuelle Pagano devient je, tu, lui ou elle, pour labourer en tous sens ce pays aux mailles lâches, laissé au bon vouloir de la lumière et du vent, et s’imprégner des subtiles fragrances qui en font la substance même. Et les « sens » utilisent les autocars, la voiture, le train… pratiquent l’autostop ou la marche à pied pour aller du nord au sud, du village à la ville, de la route au lac, de l’autobus à la rivière, de la chambre à la baignoire, d’hier à aujourd’hui ou de l’hiver au printemps. Les trente-quatre fils tirés dans ce volume se nouent, se dénouent, se croisent, se frôlent pour tisser un tableau en trois dimensions, un grand corps construit organe par organe dont on entend les pulsations lentes et qu’on pourrait presque dessiner. On est très loin de la simple accumulation de textes de certains recueils de nouvelles. On n’est pas vraiment dans le roman. On opterait plutôt pour un guide de voyage d’un nouveau genre, un voyage des sens, un voyage du sens qui nous mène au cœur de ces lieux de vie dégraissés des artifices à touristes, un voyage impossible pour le touriste lambda pour le réussir il faut vivre ici. Seul le livre permet cette forme de rencontre, dans une relation de connivence entre le lecteur et l’écrivain.
L’écriture d’Emmanuelle Pagano est en phase avec le sujet de ses ouvrages. Simple, elle s’offre sans fioritures. Parfois, elle s’étire pour donner au lecteur le temps de s’imprégner, en surplomb d’une rivière ou au fond d’un cerveau enfermé. À d’autres moments, elle file, ne s’embarrasse pas de détails quand c’est le mouvement qui prime. Cette variété des rythmes crée une dynamique propre à maintenir les sens du lecteur en éveil, aussi d’explorer le sujet sous différentes approches, avec tous les sens. Voilà un livre plein, un moellon de plus à l’œuvre, une étoile supplémentaire à l’univers d’Emmanuelle Pagano. Et le prochain ouvrage qui s’annonce pour l’automne, Nouons-nous (quelques extraits à cette adresse) continuera peut-être cette lente exploration de l’intime, jamais terminée, qui amène à la substance et qui fait l’œuvre, pour notre plus grand plaisir.
Liens :
- Blog d’Emmanuelle Pagano
- Nouons-nous, son prochain ouvrage
- Emmanuelle Pagano en vidéo
Classement: bibliothèque perso.
Huit mois plus tard, le livre d’Emmanuelle Pagano est disponible dans les rayons. Belle occasion de passer à l’acte pour une future note de lecture.
Dès le début, on est saisi par une vague impression d’être en pays connu, un pays familier déjà retourné jusqu’à ses moindres frissons, avec ses éoliennes, les routes de montagne, le lac glouton effacer de passé, le monde des chasseurs, l’inconnu appuyé à la rambarde, au même endroit, à la même heure, chaque jour. Nous sommes dans l’univers des adolescents troglodytes, un monde « des marges et ces marges tiennent les pages de mon histoire », où il suffit d’être pour être en marge, « Nous, nous n’étions pas attardées, ni maman, ni moi, nous ne sommes pas attardées, ni ma fille, ni moi, mais nous vivions, nous vivons sans voiture dans une petite ville, et cela suffit pour faire de drôles de rencontres, pour s’écarter des chemins habituels. » L’univers d’Emmanuelle Pagano est un tout. Ses livres comme des briques s’emboitent parfaitement pour constituer un œuvre qui se nourrit d’un pays et qui s’en fait le héraut sans tapage.
Selon les moments, Emmanuelle Pagano devient je, tu, lui ou elle, pour labourer en tous sens ce pays aux mailles lâches, laissé au bon vouloir de la lumière et du vent, et s’imprégner des subtiles fragrances qui en font la substance même. Et les « sens » utilisent les autocars, la voiture, le train… pratiquent l’autostop ou la marche à pied pour aller du nord au sud, du village à la ville, de la route au lac, de l’autobus à la rivière, de la chambre à la baignoire, d’hier à aujourd’hui ou de l’hiver au printemps. Les trente-quatre fils tirés dans ce volume se nouent, se dénouent, se croisent, se frôlent pour tisser un tableau en trois dimensions, un grand corps construit organe par organe dont on entend les pulsations lentes et qu’on pourrait presque dessiner. On est très loin de la simple accumulation de textes de certains recueils de nouvelles. On n’est pas vraiment dans le roman. On opterait plutôt pour un guide de voyage d’un nouveau genre, un voyage des sens, un voyage du sens qui nous mène au cœur de ces lieux de vie dégraissés des artifices à touristes, un voyage impossible pour le touriste lambda pour le réussir il faut vivre ici. Seul le livre permet cette forme de rencontre, dans une relation de connivence entre le lecteur et l’écrivain.
L’écriture d’Emmanuelle Pagano est en phase avec le sujet de ses ouvrages. Simple, elle s’offre sans fioritures. Parfois, elle s’étire pour donner au lecteur le temps de s’imprégner, en surplomb d’une rivière ou au fond d’un cerveau enfermé. À d’autres moments, elle file, ne s’embarrasse pas de détails quand c’est le mouvement qui prime. Cette variété des rythmes crée une dynamique propre à maintenir les sens du lecteur en éveil, aussi d’explorer le sujet sous différentes approches, avec tous les sens. Voilà un livre plein, un moellon de plus à l’œuvre, une étoile supplémentaire à l’univers d’Emmanuelle Pagano. Et le prochain ouvrage qui s’annonce pour l’automne, Nouons-nous (quelques extraits à cette adresse) continuera peut-être cette lente exploration de l’intime, jamais terminée, qui amène à la substance et qui fait l’œuvre, pour notre plus grand plaisir.
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Titre : UN RENARD À MAINS NUES Auteur : Emmanuelle PAGANO Éditeur : P.O.L. Format : 14X20,5 cm Nombre de pages : 340 pages Publication : avril 2012 Prix : 19,00€ ISBN : 978.2.8180.1624.4 |
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