Titre : DIZAINS DISETTE Auteur : Jean-Pierre GEORGES Éditeur : le dé bleu Parution : 1987 Nombre de pages : 128 pages Format : 150X190mm Prix : 69 francs ISBN : 2.900768.63.2 |
Le frisson précédant l’ébullition contient la substance active du poème. De ce fil ténu entre la mièvrerie et l’hermétique dépendra l’effet produit. Encore faudra-t-il que le lecteur puisse se glisser dans le chas de l’aiguille pour le faire sien. Le retour au poème est un temps de pause nécessaire pour d’un coup de soufflette se débarrasser de l’encrassement des neurones. Invité du jour : Jean-Pierre Georges.
Une forme d’écriture brève puisque le poète Georges s’exprime en dizains, dix vers pas un de plus, une « métrique relâchée » où l’égalité dans la longueur semble la norme. Cela donne un pavé quadrangulaire propre à conditionner le lecteur.
Quand il se fait rare, le mot bien choisi peut titiller les papilles de la substance grise pour un effet flash saisissant. Le dizain peut être de ceux-là.
Le dizain peut aussi se faire long quand les lignes s’allongent sur un matériau furtif sans aspérité à saisir. « Ce matin-là, quelques phrases abouties/ne firent pas un poème. Le vent/fit tomber dans la cour le petit arrosoir… ».
Certains textes du Jean-Pierre Georges ont tendance à s’étirer et peinent à grandir tant ils naissent de petits riens, conversation de météo, de retraités achetant leur pain, etc. Sa poésie se nourrit du temps. Temps souvent gris où la pluie est très présente, pluie « tellement maternelle qu’elle / étouffe ce qu’elle serre », « les averses passées craquantes et chaudes », « plus tout ce qui remonte en mémoire / toutes heureusement la pluie m’est un doux frottis », « l’embrun ne gifle que la mémoire ». Une grisaille persistante même si elle s’efface d’un rien : « La route a séché. Petits nuages / gris-blancs d’après la pluie. Soleil. / Brusque sensation / d’être à deux pas de la mer / dans une matinée très ancienne… » L’effet est bref : « Douleur incomparable, focalisation / pulvérisation ; en plein cœur reçu / l’éclat minuscule – peu propre / à me tuer – mais pire : annihilant / toute velléité d’existence. »
Cette poésie de l’intime faite de langueur et d’ennui, glisse, ricoche, sautille, parfois s’enfuit, rafraîchit comme une pluie contrôlée juste pour sublimer le néant menaçant. Le « malheureux, qu’as-tu fait » osant ouvrir « le livre interdit » prend-il le risque que « le poème se développe comme une petite tumeur » ? Peut-être pas, mais sans doute y trouvera-t-il, dans l’ennui de ses jours, la petite bruine rafraîchissante ou le rayon de soleil ou le jeu de mots bondissant propres à « porter son regard aussi ostensiblement / qu’un carton à gâteau. »
Ce poète de 33 ans au moment des faits faisant son discret en produisant peu, il me vient l’envie de relire la dernière parabole de ce prophète, L’éphémère dure toujours (Tarabuste 2010) juste pour savoir comment a été traversé vingt-cinq ans plus tard le long calvaire de l’ennui.
Une forme d’écriture brève puisque le poète Georges s’exprime en dizains, dix vers pas un de plus, une « métrique relâchée » où l’égalité dans la longueur semble la norme. Cela donne un pavé quadrangulaire propre à conditionner le lecteur.
Quand il se fait rare, le mot bien choisi peut titiller les papilles de la substance grise pour un effet flash saisissant. Le dizain peut être de ceux-là.
Le dizain peut aussi se faire long quand les lignes s’allongent sur un matériau furtif sans aspérité à saisir. « Ce matin-là, quelques phrases abouties/ne firent pas un poème. Le vent/fit tomber dans la cour le petit arrosoir… ».
Certains textes du Jean-Pierre Georges ont tendance à s’étirer et peinent à grandir tant ils naissent de petits riens, conversation de météo, de retraités achetant leur pain, etc. Sa poésie se nourrit du temps. Temps souvent gris où la pluie est très présente, pluie « tellement maternelle qu’elle / étouffe ce qu’elle serre », « les averses passées craquantes et chaudes », « plus tout ce qui remonte en mémoire / toutes heureusement la pluie m’est un doux frottis », « l’embrun ne gifle que la mémoire ». Une grisaille persistante même si elle s’efface d’un rien : « La route a séché. Petits nuages / gris-blancs d’après la pluie. Soleil. / Brusque sensation / d’être à deux pas de la mer / dans une matinée très ancienne… » L’effet est bref : « Douleur incomparable, focalisation / pulvérisation ; en plein cœur reçu / l’éclat minuscule – peu propre / à me tuer – mais pire : annihilant / toute velléité d’existence. »
Cette poésie de l’intime faite de langueur et d’ennui, glisse, ricoche, sautille, parfois s’enfuit, rafraîchit comme une pluie contrôlée juste pour sublimer le néant menaçant. Le « malheureux, qu’as-tu fait » osant ouvrir « le livre interdit » prend-il le risque que « le poème se développe comme une petite tumeur » ? Peut-être pas, mais sans doute y trouvera-t-il, dans l’ennui de ses jours, la petite bruine rafraîchissante ou le rayon de soleil ou le jeu de mots bondissant propres à « porter son regard aussi ostensiblement / qu’un carton à gâteau. »
Ce poète de 33 ans au moment des faits faisant son discret en produisant peu, il me vient l’envie de relire la dernière parabole de ce prophète, L’éphémère dure toujours (Tarabuste 2010) juste pour savoir comment a été traversé vingt-cinq ans plus tard le long calvaire de l’ennui.
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