vendredi 4 janvier 2013

Maylis de KERANGAL – Corniche Kennedy



Titre : CORNICHE KENNEDY
Auteur : Maylis de KERANGAL
Éditeur : Verticales
Format : 14X20,5 cm
Parution : septembre 2008
Nombre de pages : 178 pages
Prix : 15,50€
ISBN : 978.2.07.012219.6




De son ancienne activité d’éditrice de guide touristique, Maylis de Kerangal a acquis l’art de décrire les lieux et d’en retracer l’atmosphère. Et cela éclate dès les premières pages par la présentation de cette corniche marseillaise qui « épouse », « ceinture » la ville, « zone de contact et non de frontière, puisqu’on la sait poreuse ». Sous le pont, il y a « la Plate », lieu de rassemblement des « petits cons de la corniche. La bande. On ne sait pas les nommer autrement. Leur corps est incisif, leur âge dilaté entre treize et dix-sept, et c’est un seul et même âge, celui de la conquête ». La plate-forme, lieu exposé aux regards derrière le rideau d’une chambre d’adolescente ou de la terrasse du flic, les yeux plantés dans les jumelles. La Plate, lieu de défis, des petits cons aux beaux quartiers, de l’adolescente bourge à la bande, de la bande au commissaire Sylvestre, du commissaire aux trafiquants. Jeux de rôle ponctués de jeux de tremplin. Là se trouve l’intérêt de cette côte rocheuse, une enfilade de plongeoirs naturels, du Cap des débutants, trois petits mètres juste pour jouer au Face To Face, celui de tous les dangers avec ses douze mètres. Jeu d’escarmouches pour un dernier pied-de-nez des ados et un final feu d’artifice.
Après les kayaks de « Dans les rapides », l’ouvrage précédent, Maylis de Kerangal nous tisse une nouvelle histoire d’adolescents où l’eau frontière est devenue élément d’affirmation de la personnalité, théâtre de l’affrontement, lieu du rêve à l’état pur, car débarrassé des contraintes. Comme « Dans les rapides », l’écrivain excelle dans ce registre par la finesse de l’observation d’une tranche d’âge difficile à cerner. Et le chat flic qui gronde au loin et s’émeut devant ces souris qui dansent au loin ne peut s’empêcher de jeter un regard humide sur « ces petits cons de la corniche ». Et le lecteur aussi car Maylis de Kerangal sait bien exprimer cela dans une histoire qui court sur le papier sans la moindre pause. Les mots sonnent juste, les métaphores sont vivifiantes, l’intrigue saute de pierre en pierre, en phrases courtes, avec la vivacité d’un torrent dans la pente. Voilà que le vertige nous prend devant ce vide impressionnant, en contrebas du Face To Face, « face au monde (primo), face à soi (deuxio), et face à la mort (tertio), arghhhh la môôôrt ! » Et nous, lecteurs, où en sommes-nous sur notre « promontoire des duels, celui où cogne le soleil des westerns, celui de l’épate et du grand jeu » ?

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