Titre : APPRENDRE À PRIER À L’ÈRE DE LA TECHNIQUE Auteur : Gonçalo M. TAVARES Editeur : Viviane Hamy Format : 13X21cm Nombre de pages : 368 pages Parution : septembre 2010 Prix : 22,00€ ISBN : 9-7828785-83243 |
Il y a quelque chose de Milan Kudera dans cet ouvrage, cette même façon de s’adresser au lecteur de le prendre à témoin, de s’exprimer en chapitres courts excédant rarement deux pages, mais surtout de tenter d’expliquer par une analyse minutieuse les faits et gestes des personnages. La même lenteur est parfois évoquée comme un bienfait, mais là où le Tchèque mélange les histoires et les siècles, Tavares se concentre sur son personnage principal, Lenz, le second fils du très militaire Frederich Buchmann, Lenz, chirurgien réputé dont on saura à peu près tout des origines à la fin.
Fruit d’une éducation à l’emporte-pièce par un père autoritaire, direct et vénéré comme peut l’être un modèle, Lenz prend la vie comme un combat contre la mort. Dans ses jours normaux, « ses jours faibles », la nature ressemble à un « musée qui s’agrandit » de façon imperceptible. Apparence trompeuse, car « il arrive que les pièces du musée montrent qu’elles sont finalement les pièces d’une artillerie secrète ». Comme les colères de la nature non comprises , les maladies sont des défaites du corps que sa main très sûre de chirurgien redresse et répare. Il possède ce grisant pouvoir de vie et de mort sur ses patients, « dans l’orientation à donner au bistouri, Lenz voyait la possibilité d’allumer ou d’éteindre une chaîne hi-fi ». Une position qui lui donne une sorte de supériorité qui lui fait regarder le monde de ses semblables avec une certaine distance, une froideur proche du dédain. Avec une minutie d’horloger, Gonçalo M. Tavares met à nu les rouages d’une théorie surprenante où l’homme évolue dans un système qui le dépasse. Lenz, qui comprend tout cela, est fasciné par l’inconscience des simples d’esprit, pour lui des êtres complètement libres.
La mort de son frère aîné, un faible, réveille dans le praticien, désormais seul dépositaire du patronyme familial, une nouvelle énergie. Il se lance dans la politique. Sa nouvelle tâche n’est plus d’ « agir selon la modalité du un pour un », mais « dans la direction opposée, du un pour beaucoup ». Sans états d’âme, il gravit les marches de la renommée, de celle qui fait que l’on se retourne sur vous dans la rue parce que vous savez manier la foule et que la peur que vous inspirez vous apporte crainte et prestige. La victoire ne fait aucun doute et elle est au rendez-vous, encore imparfaite.
À l’opposé de certaines romans modernes, adeptes de l’action, qui font courir le lecteur sans regarder le chemin, l’auteur prend le temps de l’explication préalable, nécessaire pour désamorcer une incompréhension, une hostilité même de la part du lecteur, face aux agissements pas très catholiques du superman Lenz Buchmann. Il le fallait pour éviter l’aversion, et même l’abandon : il aurait été dommage de ne pas aller au bout d’un ouvrage où, une fois de plus, la courbe de Gauss, s’applique, vous savez celle qui monte jusqu’à un sommet avant de redescendre tout aussi rapidement. Et le parcours pour être apprécié doit être jugé dans sa totalité. Le grands champions cyclistes ont gagné parce qu’ils savaient monter les cols, mais aussi les descendre. Qu’on se rassure, Buchmann ne sera pas le dieu moderne, peut-être n’a-t-il pas assez prié à l’ère de la technique !
La technique du roman, Gonçalo M. Tavares la maîtrise, lui, et à la perfection. Intrigue universelle, intemporelle, fouillée, tous les ingrédients y sont pour faire de ce titre curieux un excellent ouvrage, auquel aura participé Dominique Nédellec avec cette traduction parfaitement limpide. Viviane Hamy a du flair et ses choix déçoivent rarement. Bonne pioche. La preuve, l’ouvrage a reçu le Prix du Meilleur Livre Etranger - Hyatt Madeleine 2010 et le Grand Prix Littéraire du Web - Cultura 2010. Il a fait partie de la dernière sélection du Prix Femina 2010 et de la dernière sélection du Prix Médicis 2010. En ce qui me concerne, je lui décerne l’honneur de mettre un peu de couleur, le rouge des éditions Viviane Hamyest assez pétant, dans ma bibliothèque personnelle et d’y rester longtemps.
Fruit d’une éducation à l’emporte-pièce par un père autoritaire, direct et vénéré comme peut l’être un modèle, Lenz prend la vie comme un combat contre la mort. Dans ses jours normaux, « ses jours faibles », la nature ressemble à un « musée qui s’agrandit » de façon imperceptible. Apparence trompeuse, car « il arrive que les pièces du musée montrent qu’elles sont finalement les pièces d’une artillerie secrète ». Comme les colères de la nature non comprises , les maladies sont des défaites du corps que sa main très sûre de chirurgien redresse et répare. Il possède ce grisant pouvoir de vie et de mort sur ses patients, « dans l’orientation à donner au bistouri, Lenz voyait la possibilité d’allumer ou d’éteindre une chaîne hi-fi ». Une position qui lui donne une sorte de supériorité qui lui fait regarder le monde de ses semblables avec une certaine distance, une froideur proche du dédain. Avec une minutie d’horloger, Gonçalo M. Tavares met à nu les rouages d’une théorie surprenante où l’homme évolue dans un système qui le dépasse. Lenz, qui comprend tout cela, est fasciné par l’inconscience des simples d’esprit, pour lui des êtres complètement libres.
La mort de son frère aîné, un faible, réveille dans le praticien, désormais seul dépositaire du patronyme familial, une nouvelle énergie. Il se lance dans la politique. Sa nouvelle tâche n’est plus d’ « agir selon la modalité du un pour un », mais « dans la direction opposée, du un pour beaucoup ». Sans états d’âme, il gravit les marches de la renommée, de celle qui fait que l’on se retourne sur vous dans la rue parce que vous savez manier la foule et que la peur que vous inspirez vous apporte crainte et prestige. La victoire ne fait aucun doute et elle est au rendez-vous, encore imparfaite.
À l’opposé de certaines romans modernes, adeptes de l’action, qui font courir le lecteur sans regarder le chemin, l’auteur prend le temps de l’explication préalable, nécessaire pour désamorcer une incompréhension, une hostilité même de la part du lecteur, face aux agissements pas très catholiques du superman Lenz Buchmann. Il le fallait pour éviter l’aversion, et même l’abandon : il aurait été dommage de ne pas aller au bout d’un ouvrage où, une fois de plus, la courbe de Gauss, s’applique, vous savez celle qui monte jusqu’à un sommet avant de redescendre tout aussi rapidement. Et le parcours pour être apprécié doit être jugé dans sa totalité. Le grands champions cyclistes ont gagné parce qu’ils savaient monter les cols, mais aussi les descendre. Qu’on se rassure, Buchmann ne sera pas le dieu moderne, peut-être n’a-t-il pas assez prié à l’ère de la technique !
La technique du roman, Gonçalo M. Tavares la maîtrise, lui, et à la perfection. Intrigue universelle, intemporelle, fouillée, tous les ingrédients y sont pour faire de ce titre curieux un excellent ouvrage, auquel aura participé Dominique Nédellec avec cette traduction parfaitement limpide. Viviane Hamy a du flair et ses choix déçoivent rarement. Bonne pioche. La preuve, l’ouvrage a reçu le Prix du Meilleur Livre Etranger - Hyatt Madeleine 2010 et le Grand Prix Littéraire du Web - Cultura 2010. Il a fait partie de la dernière sélection du Prix Femina 2010 et de la dernière sélection du Prix Médicis 2010. En ce qui me concerne, je lui décerne l’honneur de mettre un peu de couleur, le rouge des éditions Viviane Hamyest assez pétant, dans ma bibliothèque personnelle et d’y rester longtemps.
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