Ouvrage utilisé :
Source : LE MONDE 13 avril 2012, cahier « le Monde des Livres » Critiques p 5, Christine Lecerf TÉLÉRAMA n°3248 11 avril 2012, Rubrique Livres page 63, Fabienne Pascaud Titre: RESTOROUTE-ANIMAUX Auteur: Elfriede JELINEK Editeur: Verdier Nombre de pages: 160 Prix: 16,50€ |
Beaucoup d’hésitation avant de sélectionner un ouvrage d’Elfriede Jelinek dans les publications de la semaine, car la critique n’est pas tendre à son égard. Télérama (Fabienne Pascaud) ne lui attribue qu’un T (on aime un peu) pour chacun de ses titres, Winterreise et Restoroute-Animaux, une notation bien pâle en regard des autres ouvrages analysés dans l’hebdomadaire. Christine Lecerf du Monde des Livres n’est guère plus engageante face à Winterreise, sa dernière pièce, « un monologue pour la scène. Un théâtre de glace ». Un théâtre de glace dans tous les sens du terme, où l’histoire personnelle de l’auteur rejoint le destin de Natacha Kampusch sur une scène pentue et de glace elle-aussi. L’extrait publié par le Monde est assez touffu pour qu’on imagine l’ennui à venir, à moins que la sécheresse du texte soit compensée par la musicalité chère à l’auteur.
Pourquoi, malgré cela, ce drôle de choix ? Parce que c’est Elfriede Jelinek, Prix Nobel de Littérature 2004 et qu’un prix Nobel ne se décroche pas au hasard. Le texte de La Pianiste est de haute qualité et rien ne laisse à penser que ce soit l’exception. Qualité de l’écriture donc, « harmonie d’une langue qui se fiche comme d’habitude de toute séduction, qui creuse la signification du mot comme sa sonorité, qui joue du rythme de la phrase comme des associations d’idées, des amalgames de clichés, des télescopages de citations » (Monde des Livres).
Et puis, il s’agit d’une pièce de théâtre. Même, « sans personnage ni dialogues ni didascalies » le théâtre est si rare dans la presse littéraire que cela mérite d’être souligné.
Enfin il y a le souvenir de La Pianiste, porté à l’écran de manière magistrale, récompensé à Cannes, trois acteurs primés (Isabelle Huppert, Benoit Magimel et l’immense et regrettée Annie Girardot). Le livre est de même facture, dur, difficile mais si abouti dans les difficiles rapports entre mère et fille et les dérives de la musicienne n’ayant atteint que le statut modeste de professeur de piano.
Enfin, il y a le rapport singulier de l’auteur au papier, disons plutôt l’absence de rapport avec le papier, puisque Elfriede Jelinek publie désormais sur internet (en langue allemande, quel dommage), presque en temps réel, des œuvres offertes au lecteur lambda, dont elle dispose à sa guise, qu’elle peut retoucher et même faire disparaître si bon lui semble. Un circuit court entre producteur et consommateur bien sympathique.
Le théâtre constitue l’exception dans l’œuvre récente de l’écrivaine autrichienne, statut particulier qui fait d’un texte mis en scène un texte public, officiel, donc figé. Traduite en langue française, publiée par de belles maisons d’édition (Seuil et Verdier), ces trois pièces donnent l’occasion de relire du Jelinek à défaut d’apprendre la langue allemande.
Pourquoi, malgré cela, ce drôle de choix ? Parce que c’est Elfriede Jelinek, Prix Nobel de Littérature 2004 et qu’un prix Nobel ne se décroche pas au hasard. Le texte de La Pianiste est de haute qualité et rien ne laisse à penser que ce soit l’exception. Qualité de l’écriture donc, « harmonie d’une langue qui se fiche comme d’habitude de toute séduction, qui creuse la signification du mot comme sa sonorité, qui joue du rythme de la phrase comme des associations d’idées, des amalgames de clichés, des télescopages de citations » (Monde des Livres).
Et puis, il s’agit d’une pièce de théâtre. Même, « sans personnage ni dialogues ni didascalies » le théâtre est si rare dans la presse littéraire que cela mérite d’être souligné.
Enfin il y a le souvenir de La Pianiste, porté à l’écran de manière magistrale, récompensé à Cannes, trois acteurs primés (Isabelle Huppert, Benoit Magimel et l’immense et regrettée Annie Girardot). Le livre est de même facture, dur, difficile mais si abouti dans les difficiles rapports entre mère et fille et les dérives de la musicienne n’ayant atteint que le statut modeste de professeur de piano.
Enfin, il y a le rapport singulier de l’auteur au papier, disons plutôt l’absence de rapport avec le papier, puisque Elfriede Jelinek publie désormais sur internet (en langue allemande, quel dommage), presque en temps réel, des œuvres offertes au lecteur lambda, dont elle dispose à sa guise, qu’elle peut retoucher et même faire disparaître si bon lui semble. Un circuit court entre producteur et consommateur bien sympathique.
Le théâtre constitue l’exception dans l’œuvre récente de l’écrivaine autrichienne, statut particulier qui fait d’un texte mis en scène un texte public, officiel, donc figé. Traduite en langue française, publiée par de belles maisons d’édition (Seuil et Verdier), ces trois pièces donnent l’occasion de relire du Jelinek à défaut d’apprendre la langue allemande.
Pour en savoir plus, lire la note de lecture de Winterreise
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