samedi 24 novembre 2012

Olivia ROSENTHAL - que font les rennes après noël



Titre : QUE FONT LES RENNES APRÈS NOËL
Auteur : Olivia ROSENTHAL
Editeur : Verticales - Gallimard
Format : 14X20,5cm
Nombre de pages : ? pages
Poblication : août 2010
Prix : 16,90€
ISBN : 978.2.07.013022.1






Pas une histoire drôle mais une drôle d’histoire, une succession de textes relativement courts, parfois même très brefs, « Être bien nourri et bien logé a pour effet d’endormir nos sens. », lesquels déclinent dans une alternance parfaite l’animal et l’enfant, la condition animale et la condition humaine dans un parallèle saisissant, deux monologues formant une sorte de dialogue dont on se demande par moments qui est qui. Alors que l’animal perd, sous l’effet de domestication, les dispositions qui faisaient de lui un être relativement libre quand l’enfant tend à l’inverse à se délivrer avec les ans de la dépendance maternelle. Sans jamais s’interpénétrer, ces fragments nous jouent le principe des vases communicants pour aboutir à une sorte de fusion dont on laissera la primeur au lecteur.
Et les rennes là-dedans ? Capables de prouesses une nuit par an pour retrouver leur liberté le reste du temps, ces animaux alimentent le rêve de l’enfant « Vous imaginez la course des rennes dans la neige, leur fuite vers le grand Est et leur disparition dans la toundra sibérienne… Mais quand Noël approche, vous oubliez la liberté des rennes pour vous concentrer sur les cadeaux que vous espérez ? » Encore faut-il croire au père Noël pour se voir disparaître avec eux.
Olivia Rosenthal nous fournit là une production originale qui change de ces romans troussés à la perfection mais légèrement ennuyeux, trop limpides, pareils, une fois qu’on enlève la fleur de sel de l’intrigue. C’est le premier mérite de cet ouvrage. Il faut du talent pour tenir en main plus de deux cents textes, chacun constituant un sujet à lui seul, sans jamais lasser le lecteur.
C’est là le deuxième intérêt du livre. Chaque paragraphe peut être retiré de l’ensemble sans en souffrir pour vivre de lui-même, « Dans les premières années de votre vie, vous pensez que vous êtes la propriété de votre mère. Parfois vous le regrettez. » ou encore « Y a pas de mystère. Pour avoir de bonnes bêtes, il faut les élever toutes petites. Ça dépend un peu du bénéfice qu’on veut en tirer, mais pour les faire travailler, il faut les retirer très vite de la mère et les biberonner soi-même. »
Sous ces phrases parfois évidentes, à d’autres moments très documentées, se cache un important travail de l’écrivain penché sur sa feuille, une accumulation de matériaux considérables, pratiques, notes techniques, lois, savoir-faire, témoignages jusqu’à l’indigestion, les différentes phases d’un analyse à la manière d’un psych… pour écouler un flux à la limite du perceptible entre deux courants contraires. La démonstration fonctionne, le cerveau du lecteur établit le lien et le message passe, les messages devrait-on dire, même si quelquefois à trop vouloir décliner, il se crée une légère impression de redite. Volonté de l’auteur d’asséner pour éviter au lecteur toute sorte d’échappatoire, qui sait ? Pourrait-on trouver là un péché dans cette volonté d’aller au bout, tant d’autres se contentant d’effleurer du bout des lèvres ? Qu’on se réjouisse plutôt de ce texte moderne, vecteur de la pensée de son temps, bien moins indigeste que cette viande morte, sans attrait, dépourvue de sens, qu’on place avec mille précautions dans la cage du fauve.

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