Sobriété heureuse, deux mots qui ne vont pas ensemble. Un titre à contre-courant dans une société où la consommation est portée aux nues comme une félicité suprême. En tête de gondole et premier bénéficiaire, le monde marchand surfant habilement sur le postulat de la croissance, relayé à volonté par des dirigeants politiques se croyant encore au temps des trente glorieuses. Prôner la sobriété dans ce contexte fait un peu blasphème et demande un certain courage.
Notre planète serait-elle une friandise extensible à l’infinie dans laquelle on peut mordre à belles dents sans souci de l’avenir ? Oui, disent les agités du business, adeptes du court-terme, disciples du dieu argent. À cette question, Pierre Rabhi répond non et développe dans son ouvrage les fruits d’une longue réflexion appuyée sur l’expérience personnelle et l’observation, aussi sur le développement de projets concrets basés sur ses idées. Il démonte aussi point par point, dans une langue riche d’un vocabulaire d’une grande précision, l’artifice monté de toutes pièces par le développement de la société industrielle avec en corollaire les puissances de l’argent. En déstructurant la civilisation agricole traditionnelle, la principale conséquence du nouveau modèle basé sur le profit aura été de creuser l’écart entre les riches et les pauvres et de jeter une partie de ces derniers dans la misère.
Ce n’est pas un énarque qui parle mais un paysan modeste qui a acquis son expertise sur le terrain, dans sa ferme de l’Ardèche. De son enfance, Pierre Rabhi retient l’équilibre délicat de son village d’enfance, au cœur du Sahara, une société millénaire où l’argent n’existait pas. Chacun y avait sa place et le sillon à tracer était visible du début à la fin. L’on prenait soin des vieux et souvent c’est parmi eux qu’on trouvait les sages expérimentés, connus et reconnus, écoutés car crédibles. Une société autosuffisante, où tout n’allait pas de soi, loin de là, mais portée par des valeurs adaptées au milieu de vie, une société qui par là-même, devenait vivable, donc durable. Chacun y apportait sa goutte d’eau et la rivière coulait avec une vraie sérénité.
Avec ses gros sabots et de façon insidieuse, le monde moderne a bousculé l’équilibre subtil qui s’était institué au cours du temps. Pour l’agroécologiste, le progrès est un mythe aux conséquences désastreuses parce que gaspilleur, destructeur, gouverné par le lucre, sans égards pour les plus faibles, donc créateur de misère.
Partant du principe que « rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme », appuyé sur son expérience personnelle, treize années sans électricité, consommation d’eau limitée, Pierre Rabhi prône une autolimitation volontaire, la pauvreté comme une valeur de bien-être et une indignation constructive. L’ouvrage est bourré de bon sens, soutenu par une analyse fouillée et réfléchie, sans agressivité, et cela fait du bien quand, à la lecture, on voit ainsi poindre ainsi une parcelle d’espoir alors que le navire mondial file de tous ses nœuds vers le mur du désastre. Les réalisations listées en fin d’ouvrage montrent que l’argumentation est solide et déroule le tapis du possible. Le tout est de trouver les relais pour l’imposer comme incontournable, c’est peut-être là que se trouve l’utopie. À moins que l’utopie soit rattrapée par la réalité et devienne obligation.
En conclusion, voilà un livre qui rend heureux, un livre à lire, à méditer et à transformer en acte. Merci maître !
Notre planète serait-elle une friandise extensible à l’infinie dans laquelle on peut mordre à belles dents sans souci de l’avenir ? Oui, disent les agités du business, adeptes du court-terme, disciples du dieu argent. À cette question, Pierre Rabhi répond non et développe dans son ouvrage les fruits d’une longue réflexion appuyée sur l’expérience personnelle et l’observation, aussi sur le développement de projets concrets basés sur ses idées. Il démonte aussi point par point, dans une langue riche d’un vocabulaire d’une grande précision, l’artifice monté de toutes pièces par le développement de la société industrielle avec en corollaire les puissances de l’argent. En déstructurant la civilisation agricole traditionnelle, la principale conséquence du nouveau modèle basé sur le profit aura été de creuser l’écart entre les riches et les pauvres et de jeter une partie de ces derniers dans la misère.
Ce n’est pas un énarque qui parle mais un paysan modeste qui a acquis son expertise sur le terrain, dans sa ferme de l’Ardèche. De son enfance, Pierre Rabhi retient l’équilibre délicat de son village d’enfance, au cœur du Sahara, une société millénaire où l’argent n’existait pas. Chacun y avait sa place et le sillon à tracer était visible du début à la fin. L’on prenait soin des vieux et souvent c’est parmi eux qu’on trouvait les sages expérimentés, connus et reconnus, écoutés car crédibles. Une société autosuffisante, où tout n’allait pas de soi, loin de là, mais portée par des valeurs adaptées au milieu de vie, une société qui par là-même, devenait vivable, donc durable. Chacun y apportait sa goutte d’eau et la rivière coulait avec une vraie sérénité.
Avec ses gros sabots et de façon insidieuse, le monde moderne a bousculé l’équilibre subtil qui s’était institué au cours du temps. Pour l’agroécologiste, le progrès est un mythe aux conséquences désastreuses parce que gaspilleur, destructeur, gouverné par le lucre, sans égards pour les plus faibles, donc créateur de misère.
Partant du principe que « rien ne se crée, rien ne se perd, tout se transforme », appuyé sur son expérience personnelle, treize années sans électricité, consommation d’eau limitée, Pierre Rabhi prône une autolimitation volontaire, la pauvreté comme une valeur de bien-être et une indignation constructive. L’ouvrage est bourré de bon sens, soutenu par une analyse fouillée et réfléchie, sans agressivité, et cela fait du bien quand, à la lecture, on voit ainsi poindre ainsi une parcelle d’espoir alors que le navire mondial file de tous ses nœuds vers le mur du désastre. Les réalisations listées en fin d’ouvrage montrent que l’argumentation est solide et déroule le tapis du possible. Le tout est de trouver les relais pour l’imposer comme incontournable, c’est peut-être là que se trouve l’utopie. À moins que l’utopie soit rattrapée par la réalité et devienne obligation.
En conclusion, voilà un livre qui rend heureux, un livre à lire, à méditer et à transformer en acte. Merci maître !
Titre : VERS LA SOBRIÉTÉ HEUREUSE Auteur : Pierre RABHI Éditeur : Babel (Actes Sud) Première publication : 2010 Nombre de pages : 168 pages Format : 11X17,5cm Prix : 6,70€ ISBN : 978-2-330-01807-8 |
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