Remarqué au moment de la publication du Sanglot de l’homme noir, Alain Mabanckou revient sur le devant de la scène au moment du Festival des Étonnants Voyageurs de Brazzaville en publiant un nouvel ouvrage Lumières de Pointe-Noire. Il est temps de passer à la case lecture. Dans les rayons, deux ou trois ouvrages disponibles, pas le Sanglot, ni Pointe-Noire. Au hasard, ce sera Black Bazar.
Un homme noir d’origine congolaise, du petit Congo précision importante, raconte dans un langage imagé son infortune amoureuse « depuis que ma compagne s’est enfuie avec notre fille et L’Hybride, un type qui joue du tam-tam ». Il évoque aussi ses démêlés aussi avec un voisin irascible, monsieur Hippocrate, qui lui cherche des noises. Le narrateur, surnommé le Fessologue car spécialiste de la face B des femmes, travaille à mi-temps dans une imprimerie et tente pour le reste de taper son histoire sur une machine à écrire, dans l’intention de devenir écrivain.
Ce « je » est un homme affable, bien élevé, quoi qu’en dise le voisin. Il a des amis de bar, le « Jip’s, le bar afro-cubain, près de la fontaine des Halles, dans le Ier arrondissement », où il partage des Pelforth avec Paul du grand Congo, Roger le Franco-Ivoirien, Yves L’Ivoirien tout court, Pierrot le Blanc du petit Congo, Wladimir le Camerounais et quelques autres. Il n’aime pas les conflits et fait preuve d’une patience à toute épreuve en écoutant ses interlocuteurs pour la plupart bavards. L’ « Arabe du coin », qui habite au milieu de la rue, en fait partie. Celui-ci en profite largement pour s’épancher lorsque l’autre y vient faire ses courses. Ce microcosme rappelle un peu les chibanis du foyer de l’Espérance, chers à Abdelkader Djemaï, face à leur quartier en pleine transformation. Car là aussi, le quartier évolue, perd de sa substance depuis l’arrivée des Chinois et des Asiatiques
L’air de rien, Alain Mabanckou fait parler son petit monde grand producteur de mots devant sa consommation. Par la bouche de ses personnages, l’écrivain en dit beaucoup dans une langue volubile où l’humour affleure, « dans la France entière, y compris à Monaco et en Corse » répété comme un leitmotiv, où aussi la dérision n’est jamais très loin, où le respect des idées est toujours au rendez-vous. Façon très habile pour l’auteur de dresser un tableau haut en couleurs de ce monde d’immigrés, marqué par les traces du colonialisme où chacun a son opinion et ses solutions.
Le Fessologue narrateur écoute beaucoup, écrit énormément comme Louis-Philippe, l’écrivain haïtien, le lui a conseillé, s’exprime assez peu lui-même et encaisse bien souvent, à commencer par le lent désintérêt de Couleur d’origine, sa compagne. Bien qu’allant de déceptions en désillusions, il se reconstruit lentement aux côtés de son ami Louis-Philippe, se cultive dans l’écoute et la lecture et finit par décrocher de son propre fait une pépite qui va faire de lui un gagnant.
Volubile comme ses personnages, Alain Mabanckou dresse, sans jamais heurter, un large état de la situation des immigrés issus des anciennes colonies françaises, dans un langage très plaisant à lire, sans longueurs malgré l’abondance de verbe. Sans jamais le dire, il trace des pistes variées d’infiltration simultanée des cultures, comme autant de solutions aussi bien pour le pays d’accueil que celui d’origine. Des pistes qui sont comme autant de messages d’espoir pour l’avenir. La littérature, et plus généralement la culture, constituent l’une de ces pistes. Alain Mabanckou l’utilise avec talent comme le font, dans le même esprit, une kyrielle d’écrivains haïtiens. L’organisation du Festival des Écrivains Voyageurs à Brazzaville (13 au 17 février 2013) est dans la même lignée. Voilà un enjeu majeur car en même temps que l’avenir de ces pays marqués par le colonialisme se joue le devenir de la langue française.
Ce « je » est un homme affable, bien élevé, quoi qu’en dise le voisin. Il a des amis de bar, le « Jip’s, le bar afro-cubain, près de la fontaine des Halles, dans le Ier arrondissement », où il partage des Pelforth avec Paul du grand Congo, Roger le Franco-Ivoirien, Yves L’Ivoirien tout court, Pierrot le Blanc du petit Congo, Wladimir le Camerounais et quelques autres. Il n’aime pas les conflits et fait preuve d’une patience à toute épreuve en écoutant ses interlocuteurs pour la plupart bavards. L’ « Arabe du coin », qui habite au milieu de la rue, en fait partie. Celui-ci en profite largement pour s’épancher lorsque l’autre y vient faire ses courses. Ce microcosme rappelle un peu les chibanis du foyer de l’Espérance, chers à Abdelkader Djemaï, face à leur quartier en pleine transformation. Car là aussi, le quartier évolue, perd de sa substance depuis l’arrivée des Chinois et des Asiatiques
L’air de rien, Alain Mabanckou fait parler son petit monde grand producteur de mots devant sa consommation. Par la bouche de ses personnages, l’écrivain en dit beaucoup dans une langue volubile où l’humour affleure, « dans la France entière, y compris à Monaco et en Corse » répété comme un leitmotiv, où aussi la dérision n’est jamais très loin, où le respect des idées est toujours au rendez-vous. Façon très habile pour l’auteur de dresser un tableau haut en couleurs de ce monde d’immigrés, marqué par les traces du colonialisme où chacun a son opinion et ses solutions.
Le Fessologue narrateur écoute beaucoup, écrit énormément comme Louis-Philippe, l’écrivain haïtien, le lui a conseillé, s’exprime assez peu lui-même et encaisse bien souvent, à commencer par le lent désintérêt de Couleur d’origine, sa compagne. Bien qu’allant de déceptions en désillusions, il se reconstruit lentement aux côtés de son ami Louis-Philippe, se cultive dans l’écoute et la lecture et finit par décrocher de son propre fait une pépite qui va faire de lui un gagnant.
Volubile comme ses personnages, Alain Mabanckou dresse, sans jamais heurter, un large état de la situation des immigrés issus des anciennes colonies françaises, dans un langage très plaisant à lire, sans longueurs malgré l’abondance de verbe. Sans jamais le dire, il trace des pistes variées d’infiltration simultanée des cultures, comme autant de solutions aussi bien pour le pays d’accueil que celui d’origine. Des pistes qui sont comme autant de messages d’espoir pour l’avenir. La littérature, et plus généralement la culture, constituent l’une de ces pistes. Alain Mabanckou l’utilise avec talent comme le font, dans le même esprit, une kyrielle d’écrivains haïtiens. L’organisation du Festival des Écrivains Voyageurs à Brazzaville (13 au 17 février 2013) est dans la même lignée. Voilà un enjeu majeur car en même temps que l’avenir de ces pays marqués par le colonialisme se joue le devenir de la langue française.
Titre : BLACK BAZAR Auteur : Alain Mabanckou Éditeur : Seuil Dimensions : 14X20,5cm Pages : 250 pages Parution : janvier 2009 Prix : 18,00€ ISBN : 978.2.02.097337.3 |
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