Les Livres d'Ed.
Rien à vendre. Aucun engagement, ni contrainte. Simplement des notes de lecture des livres que j’aime un peu, beaucoup passionnément, à la folie, pas du tout. Après un silence de sept ans, quel hasard me ramène ce 12 octobre 2021 sur ce site délaissé depuis plusieurs années ? Bref, l'essentiel est d'y revenu avec en main un livre datant de sept ans, Les Violons du Marais, de Marie-France Thiery-Bertaud Bonne lecture !
jeudi 17 octobre 2024
samedi 22 janvier 2022
Milan KUNDERA - La vie est ailleurs
Découverte en fin de lecture, la
postface de François Ricard (1978) explique avec clarté comment
l’auteur, sous le couvert d’un simple récit, la vie du lambda
Jaromil de la conception à sa disparition, met le lecteur «
en question de manière irrévocable. S’y livrer, y consentir,
c’est risquer d’être entraîné beaucoup plus loin qu’on ne
l’aurait d’abord cru, jusqu’à une sorte de limite de la
conscience. » La vie est ailleurs n’y déroge pas.
La table en début d’ouvrage, Le poète naît… Le poète se
masturbe… Le poète court… Le poète est jaloux.. Le poète
meurt… annonce clairement le sujet de l’ouvrage : la
poésie.
La poésie est-elle un état inné ou acquis ?
Quand votre cour d’admiration se résume à votre propre maman,
qui note la moindre de vos sorties, célèbre votre première rime,
on va dans les bois, le cœur
est en joie, dans un contexte clos réduit au couple mère-fils
en l’absence du père, où chacun a besoin de l’autre en même
temps qu’il le contrôle, quand l’échange se réduit à la marge
en se cachant l’essentiel, le manque apparaît, le besoin de
s’ouvrir, de s’offrir à d’autres devient essentiel et le
premier venu, pour peu qu’il dispose d’un peu de savoir faire, un
simple peintre lui-même à la recherche de son propre art, sera le
bienvenu, comme tous ceux qui suivront Tel sera le destin du jeune
poète : à la recherche de la moindre satisfaction, « En
même temps, il était flatté ; le peintre le présentait en
disant qu’il écrivait des vers excellents et parlait de lui comme
si ses invités le connaissaient déjà par ouï-dire »,
gauche d’inexpérience dans sa propre quête, prêt à porter le
flambeau du jusqu’au-boutiste, mais incapable apporter le bonheur
autour de lui, cible des profiteurs dont le seul talent sera de
savoir arriver à leurs fins, il disparaîtra sans laisser de traces.
À son image, certains qui ont
partagé sa route ne se sont pas arrivés à leurs fin et sont tombés
dans l’anonymat, d’autres qu’il avait déçus ont pris un autre
chemin, conscients peut-être que La vie est ailleurs.
«
Seul le vrai poète sait comme il fait triste dans la maison des
miroirs de la poésie…Mais attention ! Dès que les poètes
franchissent par erreur les limites de la maisons des miroirs, ils
trouvent la mort, car ils ne savent pas tirer, est s’ils tirent ils
n’atteignent que leur propre tête. »
Auteur : Milan KUNDERA
Edition : Folio
Dimension : 11X18 cm
Nombre de pages : 480 pages
ISBN : 978-2-07036834-3
Publication : septembre 1976
vendredi 24 décembre 2021
Dante ALIGHIERY - La Divine Comédie
L'hebdomadaire faisait la promotion des 1520 pages de La Pléiade pour un montant de 62,00€. Parmi les quatre propositions du mensuel, le choix se portera finalement sur une version moins prestigieuse mais tout aussi nouvelle, une traduction annotée de Danièle Robert, 928 pages, seule traduction, d'après le mensuel, respectant la versification originale. Proposée par les Éd. Actes Sud en format poche (collection Babel), elle aura coûté 13,50€.
Titre : La Divine Comédie
Auteur : Dante ALIGHIERY
Édition : Babel
Publication : mars 2021
Dimensions : 11X18 cm
Nombre de pages : 922 pages
Prix public : 13,50€
ISBN : 978.2.330.14769.3
samedi 16 octobre 2021
Rien à vendre. Aucun engagement, ni contrainte. Simplement des notes de lecture des livres que j’aime un peu, beaucoup passionnément, à la folie, pas du tout.
Après un silence de sept ans, quel hasard me ramène ce 12 octobre 2021sur ce site délaissé depuis plusieurs années ?
Marie-France THIERY-BERTAUD - Les Violons du Marais
Quel hasard me ramène
sur ce site délaissé depuis plusieurs années ? Saturation ? Autres activités
? Manque de temps ? Bref, l'essentiel est d'y revenu avec en main un
livre datant de sept ans, écrit par une inconnue des médias lors de sa sortie,
par une maison d'édition régionale, Mines de Rien, basée dans les
Charentes.
Pourquoi cet ouvrage pour initier la renaissance du site ? Peut-être, le souvenir ancien de cette auteure rencontrée lors d'un salon littéraire local. La première passion de Marie-France Thiery-Bertaud l'a conduite à l'écriture d'ouvrages de recettes de cuisine régionale de son terroir du Poitou-Charentes-Vendée. Les Violons du Marais est son premier roman publié en 2014.
Une dimension régionale…
Une première impression
vient à l’esprit dès les premières pages, c’est la simplicité sous toutes ses
formes, autant par le récit, la mise en page, le style, en phase complète avec
les personnages du roman, bruts et
vrais. Des personnages au quotidien occupé tout entier à survivre dans les
années 20 de 1900 et réparer les dégâts de la guerre dans un pays
économiquement affaibli. Sans détours, ni diversions, dans un style dépouillé
et direct, Marie-France Thiery-Bertaud tisse les fils de son histoire avec les
mots des gens simples et cela donne un texte agréable à la lecture, sans le
moindre ennui. Faire autrement aurait été déplacé. Un texte enrichi pas les
coutumes, les valeurs locales des terroirs qu’elle a parfaitement exploitées.
Dans cet environnement affaibli où chacun tente de se relever, Louise, l’héroïne,
quitte par choix le marais vendéen de ses origines pour joindre les bords de la
Charente. Un choix nécessaire : la vie ici ne lui permettait plus, sans un
sacrifice auquel elle ne se résolvait pas, de vivre la vie qu’elle désirait.
Pour les autochtones,
les gens qui viennent d’ailleurs sont des perdants puisqu’ils n’ont pu vivre
dans leur terroir, on s’en méfie, on les épie… parfois aussi on les accueille,
comme des aubaines quand ici on a perdu des raisons de vivre. Voici la vie qui
attend Louise. Dans une composition très documentée, en même temps que le jeune
femme, au fil du texte, le lecteur s’imprègne de la vie quotidienne dans les
Charentes du début du XXième siècle, l’importance du fleuve, les coutumes,
les conséquences du progrès, les modestes et les nantis, etc.
Qui touche à l’essence de l’existence…
Mais l’ouvrage va plus
loin que les particularités locales, il touche à l’essentiel de la vie en nous
plongeant dans les réalités des existences, les dures conditions du travail,
les difficultés engendrées par les évolutions, les catastrophes qui brisent les projets, la difficulté de
pardonner, les dérives dans les familles, mais en évoquant aussi l’amitié, la
bienveillance, l’amour et les projets… Et cela suffit à faire un bon livre, qu’on
lit d’une traite, quand l’histoire est bien construite. Premier roman réussi.
Et laisse le lecteur sur sa faim.
La fin de roman
provoque la faim du lecteur. Un départ qui n’est pas un retour aux sources du
marais, un départ qui n’est pas nécessité et cependant voulu, comme un besoin
de voir ailleurs pour construire quelque chose. De nouvelles aventures en
perspective qu’on aimerait partager avec l’héroïne. Il fallait juste faire
preuve d’un peu de patience. Un an après, Les
Violons du Marais seront suivis d’un deuxième ouvrage, Les Violons de la Rivière Rouge
(octobre 2015) et d’un autre un an pus tard Et
que Vibrent les Violons (octobre 2016).
Avant un destin national.
L’histoire aurait pu
s’arrêter là ! La trilogie (épuisée) sera reprise en 2018 par une maison
d’édition nationale, France Loisirs,
sous un seul volume Les amants de la rivière rouge sous le
pseudonyme Marie-France Desmaray ? Une belle histoire,
oui !
Titre : Les Violons du Marais
Auteur : Marie-France Thiery-Bertaud
Édition : Mines de Rien
Publication : novembre 2014
Dimensions : 14,9X21cm
Nombre de pages : 200
Prix public : 15,00€
ISBN : 978.2.917848.37.1
mardi 3 décembre 2013
Léonora MIANO, prix Fémina 2013
Dans son préambule flou, l’animateur présente d’une parole hésitante l’écrivain avant d’entrer dans des considérations confuses sur l’œuvre, puis de s’arrêter net. Léonora Miano s’inquiète : « Il faut répondre ? » Mais non, ce n’était pas une question. Place à la lecture qui portera sur La saison de l’ombre, le dernier ouvrage publié.
L’assemblée retient son souffle. L’invitée saisit le livre, l’ouvre au premier signet et attend, tête baissée, que les derniers retardataires en train de se poser « se calment ». Froid dans l’assistance, le public est au pas. Enfin elle entame les premières phrases, d’une lecture lente, timbre de flute de pan aux sonorités graves, une parole venue du fond. Sous la lumière plongeante, les traits du visage se font indistincts. Quel œil cache-t-elle derrière les bords épais de ses lunettes ? Un doute ! Lit-elle vraiment ou dit-elle comme si le texte était en elle ? Effet de lumière probablement. Si ce n’est un toussotement isolé, aucun bruit dans la salle, l’assistance se tient à carreaux. Fin du premier extrait.
En un geste ralenti à l’extrême, la lectrice saisit le signet suivant entre le pouce et l’index et fait pivoter les pages. Tête immobile, elle concentre son regard sur la nouvelle page. Les mouches s’abstiennent de voler. Chaque geste est mesuré, y aurait-il dans le texte un enfant qu’il ne faudrait pas éveiller, un être si fragile pour que le livre soit manipulé avec tant de précaution. La lecture reprend.
Un peu plus tard, fin d’une autre séquence. La lectrice retourne le livre ouvert, le pose avec délicatesse sur la table, saisit avec lenteur la petite bouteille d’eau, dévisse le bouchon, verse une rasade dans le grand verre mis à sa disposition, revisse le bouchon, saisit le verre pour avaler une gorgée, le repose, puis retourne l’ouvrage.
Voilà qu’au milieu d’une phrase un participant est pris d’une quinte de toux. Léonora Miano s’arrête, lève les yeux sous l’agression, puis reprend lorsque la perturbation cesse. Dans l’assistance commence l’épreuve, la crainte d’un picotement de gorge ou le réveil d’une vieille allergie qu’il faudrait évacuer bruyamment. Et cela nuit à l’écoute et fait perdre le fil.
La lecture s’allonge, va au-delà de la moyenne, insensible au temps qui passe. Le point final surprend à la naissance d’une phase d’assoupissement. La séance a dépassé le cap de l’heure. Applaudissements.
Retour de l’animateur. Questions ? Pas de question ! Quel téméraire oserait se mettre en avant pour dégeler l’état de tétanisation causé par la lecture. L’animateur n’est pas un perdreau de l’année, il avait prévu le coup et lance une question pour amorcer. Il s’interroge sur cette phrase de la quatrième de couverture : « Nous sommes en Afrique subsaharienne, quelque part à l’intérieur des terres ». « Subsaharienne », pourquoi ce mot ? « Quelque part » pourquoi ce choix ? Et l’on découvre une autre Léonora, celle qu’on avait déjà appréciée à la radio, avant le prix. La voix se fait plus forte, le débit plus rapide, la parole facile, la langue d’une grande pureté et la passion retenue vient à la surface. La militante exprime sa retenue devant l’Afrique « noire », un morceau de continent découpé et dénommé par la colonisation, mais porté par une certaine unité. Du Sahara à l’Afrique du sud, l’origine et le vécu présentent des points communs et font lien. Le « quelque part » de l’ouvrage y trouve partout sa place. Les questions arrivent désormais en un compte-gouttes régulier, ce qui permet à l’invitée de préciser le but de l’ouvrage « c’était à l’Afrique de raconter l’histoire de ce qui s’est passé dans son intimité » et c’est bien cela qui transparait, au fil de chaque évocation, remettre au net le curseur, reprendre en main son identité qui ne sera jamais mieux portée que par soi-même.
Par son œuvre comme par son discours, Léonora Miano fait partie de femmes puissantes, à l’image de Marie N’Diaye, Fatou Diome, Schoslastique Mukasonga, ou Yanick Lahens en Haïti. Elles ont entrepris, par le biais de la culture et de l’écriture, un immense chantier, celui de porter haut et fort le continent africain en même temps que ceux qui y vivent. En cela, elles esquissent ce que sera l’Afrique de demain : majeure et incontournable. Et si la langue française peut les soutenir, tant mieux et merci !
Titre support : LA SAISON DE L’OMBRE – Prix Fémina Auteur : Léonora MIANO Éditeur : Grasset Publication : 28 août 2013 Format : 14X20,5 cm Nombre de pages : 235 Prix : 17,00€ ISBN : 978-2-246-80113-9 |
vendredi 29 novembre 2013
Jacques LANZMANN – Les Transsibériennes
Titre : LES TRANSSIBÉRIENNES Auteur : Jacques LANZMANN Éditeur : Robert Laffont (Le Livre de Poche) Publication : 1978 Pages : 218 Dimensions : 11X17cm Prix : ISBN : |