Découverte en fin de lecture, la
postface de François Ricard (1978) explique avec clarté comment
l’auteur, sous le couvert d’un simple récit, la vie du lambda
Jaromil de la conception à sa disparition, met le lecteur «
en question de manière irrévocable. S’y livrer, y consentir,
c’est risquer d’être entraîné beaucoup plus loin qu’on ne
l’aurait d’abord cru, jusqu’à une sorte de limite de la
conscience. » La vie est ailleurs n’y déroge pas.
La table en début d’ouvrage, Le poète naît… Le poète se
masturbe… Le poète court… Le poète est jaloux.. Le poète
meurt… annonce clairement le sujet de l’ouvrage : la
poésie.
La poésie est-elle un état inné ou acquis ?
Quand votre cour d’admiration se résume à votre propre maman,
qui note la moindre de vos sorties, célèbre votre première rime,
on va dans les bois, le cœur
est en joie, dans un contexte clos réduit au couple mère-fils
en l’absence du père, où chacun a besoin de l’autre en même
temps qu’il le contrôle, quand l’échange se réduit à la marge
en se cachant l’essentiel, le manque apparaît, le besoin de
s’ouvrir, de s’offrir à d’autres devient essentiel et le
premier venu, pour peu qu’il dispose d’un peu de savoir faire, un
simple peintre lui-même à la recherche de son propre art, sera le
bienvenu, comme tous ceux qui suivront Tel sera le destin du jeune
poète : à la recherche de la moindre satisfaction, « En
même temps, il était flatté ; le peintre le présentait en
disant qu’il écrivait des vers excellents et parlait de lui comme
si ses invités le connaissaient déjà par ouï-dire »,
gauche d’inexpérience dans sa propre quête, prêt à porter le
flambeau du jusqu’au-boutiste, mais incapable apporter le bonheur
autour de lui, cible des profiteurs dont le seul talent sera de
savoir arriver à leurs fins, il disparaîtra sans laisser de traces.
À son image, certains qui ont
partagé sa route ne se sont pas arrivés à leurs fin et sont tombés
dans l’anonymat, d’autres qu’il avait déçus ont pris un autre
chemin, conscients peut-être que La vie est ailleurs.
«
Seul le vrai poète sait comme il fait triste dans la maison des
miroirs de la poésie…Mais attention ! Dès que les poètes
franchissent par erreur les limites de la maisons des miroirs, ils
trouvent la mort, car ils ne savent pas tirer, est s’ils tirent ils
n’atteignent que leur propre tête. »
Auteur : Milan KUNDERA
Edition : Folio
Dimension : 11X18 cm
Nombre de pages : 480 pages
ISBN : 978-2-07036834-3
Publication : septembre 1976