vendredi 24 décembre 2021

Dante ALIGHIERY - La Divine Comédie



"Dante, sept cents ans et pas une ride", titrait le mensuel Panorama dans sons numéro de septembre 2021. "Il espérait que son œuvre lui survivrait. Sept cents ans après sa mort, ses récits irriguent l'imaginaire occidental", enchérissait l'hebdomadaire Télérama, dans un récent numéro. Il n'en fallait pas plus pour titiller la curiosité de l'ami Ed. de faire connaissance avec ce prestigieux précurseur.

L'hebdomadaire faisait la promotion des 1520 pages de 
La Pléiade pour un montant  de 62,00€. Parmi les quatre propositions du mensuel, le choix se portera finalement sur une version moins prestigieuse mais tout aussi nouvelle, une traduction annotée de Danièle Robert, 928 pages, seule traduction, d'après le mensuel, respectant la versification originale. Proposée par les Éd. Actes Sud en format poche (collection Babel), elle aura coûté 13,50€.

Le contenu

L’ouvrage débute par une préface détaillée (260 pages) de la traductrice Danièle Robert. L’ignorant qu’est tout lecteur avant d’ouvrir le livre serait tenté de sauter directement l’avant-propos et d’attaquer sans préambule le sujet, le texte. Qu’on s’en garde bien car se trouvent là les clés d’une bonne lecture.
On y apprend :
que l’œuvre est tout entière placée sous le signe des chiffres 1 ,3 et de leurs multiples dans les 14233 vers qui relatent le long parcours de l’écrivain dans le monde qui succède à la vie ;
que cette déambulation guidée par des témoins, Virgile, Béatrice... se déroule en trois temps appelés cantiques (cantiche) : l’Enfer, le Purgatoire et le Paradis ;
que chaque cantique est lui-même divisé en trente-trois parties appelées chants ;
que la prédominance du chiffre trois est encore visible dans le choix de la cellule de base, la terzina, strophe de trois hendécasyllables – soit trente-trois syllabes – liés par un jeu de rimes entrelacées par trois ;

                Ce un et deux et trois qui toujours vit,
                et toujours règne en trois et deux et un
                non circonscrit et qui tout circonscrit …

que ce délicat enchevêtrement des rimes entre les terzine donne au poème une sorte de rythme qui amplifie le temps comme le ferait une œuvre musicale ;
enfin que la relation du 3 au 1 se retrouve à la fin de chaque chant sous la forme d’un vers isolé qui ouvre la voie (et la voix) du chant suivant induisant par là un rythme de valse… (" un, due, tre…")
Une analyse technique qui montre le niveau des contraintes que le poète Dante s’est imposées et, en conséquence, la hauteur de la performance accomplie par l’auteur.
À moins d’être un génie doté d’une mémoire et d’une culture exceptionnelles, devant la densité de l’œuvre et les multiples allusions aux acteurs du passé historique, mythologique, de la Bible ou de l’histoire récente des provinces romaines, le lecteur pourrait perdre pied. Plus de deux cents pages de notes, classées par chant, une quinzaine en moyenne, apportent les éclaircissements nécessaires à la compréhension de certains passages. Une biographie de Dante, une bibliographie et la table complètent l’ouvrage.

Danièle Robert, la traductrice

Sa brève biographie en début d’ouvrage atteste que l’intégrale de La Divine Comédie est l’aboutissement d’un travail de longue haleine, précédé par trois publications bilingues, Enfer (2016), Purgatoire (2018), Paradis (2020). Outre le fait qu’elle regroupe les trois cantiques en un seul recueil, la nouvelle Divine Comédie de Danièle Robert, si elle s’est allégée du texte d’origine, porte une particularité unique, selon le mensuel Panorama, d’être la seule traduction respectant la versification originale. Alors, RESPECT ! Ce travail gigantesque permet au lecteur de pagayer au rythme de l’ouvrage pour mieux en percevoir la substance. Déjà primée plusieurs fois pour d’autres traductions d’Ovide et de Guido Cavalcanti. La récente traduction de La Divine Comédie qu’elle a donné à Actes Sud... a fait l’objet d’un remarquable accueil critique.

L’ouvrage

Publié au format livre de poche, s’il n’a pas la prestance d’un exemplaire de la Pléiade, l’ouvrage a pourtant de la classe pour son prix très abordable. Sur papier fin (50g) au fond légèrement crémé, peu de transparence, sobre dans sa présentation, il a la préciosité d’une bible ou d’un missel et impose le respect. La finesse des caractères ne gène en rien la lecture, même pour les notes en fin d’ouvrage. La lecture terminée, les pages intérieures sont intactes, si les coins de la couverture sont légèrement écornées par le nombre de manipulations, le livre garde son cachet. On cherche encore les défauts, un livre qui a toute sa place dans la bibliothèque personnelle, pas sûr qu’on l’oublie. Merci ! 


Titre : La Divine Comédie

Auteur : Dante ALIGHIERY

Édition : Babel

Publication : mars 2021

Dimensions : 11X18 cm

Nombre de pages : 922 pages

Prix public : 13,50€

ISBN : 978.2.330.14769.3 


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